Chronique

Whit Dickey Tao Quartets

Peace Planet & Box of Light

Whit Dickey (dm), Matthew Shipp (p), William Parker (b), Rob Brown (as), Steve Swell (tb), Michael Bisio (b)

Label / Distribution : AUM Fidelity/Orkhêstra

Compagnon depuis bientôt trente ans du pianiste Matthew Shipp (une quinzaine de disques ensemble) ou du saxophoniste Ivo Perelman (une dizaine), le batteur Whit Dickey s’est d’abord fait connaître pour avoir fait partie, au début des années 90, du quartet du saxophoniste David S. Ware (ils graveront cinq albums ensemble) en compagnie de Shipp et du contrebassiste William Parker. Depuis Transonic, son premier album en leader enregistré pour Aum Fidelity (déjà) en 1998, il a sorti une dizaine d’albums sous son nom.

On le retrouve aujourd’hui avec ce double album qu’il a lui même composé et enregistré avec ses Tao Quartets : Peace Planet avec les fidèles Shipp, Parker et le saxophoniste Rob Brown ; dans Box of Light, il est accompagné, outre de Brown, du tromboniste Steve Swell et du contrebassiste Michael Bisio. Des musiciens d’une même génération, qui se connaissent par cœur, habitués qu’ils sont à jouer et à enregistrer ensemble, les uns pour les autres, depuis de très nombreuses années.

Cette intimité se ressent immédiatement à l’écoute de ce double album. On est en terrain connu, on parle la même langue, celle de la liberté, estampillée downtown New York City. Chacun est dans son rôle : sur Peace Planet, Shipp fait du Shipp en martelant méthodiquement son piano ; Parker, toujours aussi puissant et profond, apporte sa science harmonique habituelle ; quant à Rob Brown, on est heureux de retrouver son alto acéré et virevoltant sur une musique qui lui permet de s’exprimer sans autre contrainte que celles qu’il se donne.

Dans Box of Light, Steve Swell rugit dans son trombone comme un mort de faim ; Rob Brown continue de faire jaillir des volutes étranglées de son pavillon ; Michael Bisio, quant à lui, charpente l’ensemble avec beaucoup d’autorité.

Si l’on préférera Peace Planet à Box of Light (les joutes saxophone/trombone pouvant lasser quelque peu), ces deux albums démontrent, s’il en était encore besoin, la grande musicalité du jeu de Dickey ainsi que sa capacité à sublimer ses partenaires.

par Julien Aunos // Publié le 23 février 2020
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