26e A Vaulx Jazz : fidèle à lui-même

Par ailleurs, le festival s’inaugurera avec un big band type, l’Amazing Keystone Big Band (voir plus loin), qui se bonifie d’année en année. Son tout premier concert, destiné au « jeune public », a été donné à Vienne l’an dernier. Ses dix-huit membres s’attachent à faire découvrir le jazz à partir d’une adaptation du Pierre et le Loup de Prokofiev. Le soir, la formation reviendra, en compagnie de Cécile McLorin-Salvant, à propos des liens que nouèrent dès l’origine le jazz et le cinéma. Parmi les thèmes joués, « Porgy and Bess », « Blues in the Night », « Bullitt », « Goldfinger » ou « La Panthère Rose ».

Outre Dianne Reeves, cantonnée à un « petit rôle » l’an dernier à Vienne, Gregory Porter et Richard Galliano, présents eux aussi au Théâtre antique en 2012, sont à Vaulx-en-Velin cette année. Galliano sans Eddy Louiss mais en compagnie de Flavio Boltro, Furio di Castri et Mauro Negri pour un hommage à Nino Rota (le 23 mars). L’accordéoniste se dit en effet très marqué par celui qui écrivit les musiques de quelques chefs-d’œuvres du cinéma italien d’après-guerre (« La Strada », etc).

Hommage d’un autre genre, celui que rendront Jean-Marie Machado « Danzas » et André Minvielle à Bobby Lapointe le 14 mars : un réarrangement des musiques de l’illustre zigoto fabricant de ritournelles inoxydables. Enfin, hommage de Francesco Bearzatti et son Tinissima quartet à Monk, revisité façon rock (le 21 mars). Giovanni Falzone (tp), Danilo Gallo à la basse et Zeno de Rossi aux percussions se chargeront avec lui de ce Monk’n Roll.

Egalement au sommaire de cette 26ème édition, Paolo Fresu en « Brass Bang » avec Steven Berstein, Gianluca Petrella (tb) et Marcus Rojas (dms) (le 20 mars), précédés du Zozophonic Orchestra (issu du Grolektif) et The Tin Men. Proche de Bearzatti, dégageant à peu près la même énergie, Damien Sabatier et Imperial Quartet ouvriront une soirée originale (le 15 mars) qui accueillera aussi Das Kapital. Un moment particulier car ces musiciens savent ce que le jazz récent doit à Yves Bleton qui, un jour de 86 ou 87, décida de gagner sa vie à Lyon en conviant ceux qui le souhaitaient à mêler arômes et musiques actuelles dans son antre de la Rose des Vins. Yves ayant disparu cet été et l’association Agapes étant désormais logée au Périscope, petit club bouillonnant de Lyon-Centre, cette soirée rappellera à sa manière les années qui ont vu fleurir dans la région des bandes de musiciens avides d’en découdre (collectifs Arfi, iMuzzic etc..). D’ailleurs une des soirées hors-les-murs d’A Vaulx Jazz se déroulera précisément au Périscope : samedi, en pré-ouverture du festival, sont attendus Albatrosh, duo norvégien piano-saxophone et Matthieu Donarier Trio, sax-guitare électrique-batterie.

A Vaulx-en-Velin, la soirée blues est incontournable : il faut s’attacher un autre public et rappeler que la commune a été et est toujours, en région lyonnaise, un havre pour les immigrants. Ce soir-là (22 mars) seront à Vaulx Malted Milk et Arnaud Fradin, et Jean-Jacques Milteau faisant équipe avec Joe Louis Walker et Manu Galvin. Quoi d’autre ? Une soirée « Musique actuelles », le 16 mars, avec Young Marble Giants, trio gallois auteur du surprenant Colossal Youth. Avant eux, Clara Clara et Chromb, qui retiennent de plus en plus l’attention. Enfin, le 21 mars, Emile Parisien et Vincent Peirani, l’un au sax, l’autre à l’accordéon. Un duo de toute beauté.

A Vaulx Jazz 26ème comporte encore bien d’autres rendez-vous. Expos, conférences et surtout cinéma : New York, New York, La princesse et la grenouille, Il Bidone et La Dolce Vita se partagent l’affiche. Prix modiques mais contraintes d’horaires. A noter que, durant quatre jours, les projections seront précédées d’une présentation de Robert Lapassade, éminence grise du festival aux côtés de Thierry Serrano, la voix incomparable qui apportait à Fréquence Jazz une identité aujourd’hui bien enfouie.

A retenir enfin la conférence de Jean-Paul Boutellier, fondateur du festival Jazz à Vienne, dont il a délégué la direction à Stéphane Kochoyan. Ce soir-là (6 mars), il sera au cinéma Les Amphis, le temps d’une conférence illustrée consacrée à « Jazz & Cinéma, la fatalité d’une rencontre ».

NB : A Vaulx Jazz pratique des prix calculés au plus juste. Pensez que la plupart des rendez-vous précédant les concerts de la salle Charlie Chaplin sont gratuits ou presque. Pour Booster Goes P-Funk, tarif unique de 5€. Même chose pour Bongo 808, le concert sieste, la conférence en musique « Blues & identité noire américaine » et « Jazz au coin du feu » avec Les Charentaises de luxe. De fait, à part les deux événements des Amphis pour lesquels une contribution modique est demandée, tout est offert.

Il en va à peu près de même pour les concerts : celui qui lance (le 12) la série « Jazz & Cinéma » avec l’Amazing Keystone Big Band est gratuit (sur réservation). La soirée Musiques Actuelles du 16, avec trois groupes, est à 11€ (5€ pour les scolaires). Pour les autres soirées il faudra compter 24€. L’abonnement pour quatre soirées au choix est de 40€, donc 10€ la soirée et 10 la soirée supplémentaire. L’abonnement à 70€ donne droit aux dix soirées, soit 7€ pour écouter Dianne Reeves !

Enfin, côté cinéma, les quatre films projetés au cinéma Pathé Carré de Soie sont tous au prix unique de 3,50€. Une belle occasion de revoir sur grand écran La Princesse et la Grenouille, qui se déroule dans une Nouvelle-Orléans rêvée en 1920, New York New York ou Il Bidone (de Fellini).