Bobo Stenson Trio

Étape décisive dans sa carrière étroitement liée à ECM, Bobo Stenson donne naissance à Sphere qui vient s’imposer comme une éclatante démonstration de l’art du trio piano, contrebasse et batterie.

Son attrait évident pour des musiques de compositeurs danois, norvégiens, finlandais et suédois, est le manifeste de ce disque. De Jean Sibelius à Sven-Erik Bäck, défilent ici des images où l’âme scandinave se révèle au premier plan, se juxtaposant sans surprise avec l’univers du label de Manfred Eicher.

Ce trio est l’une des références européennes, tant l’entente des musiciens est fondamentale. Anders Jormin et Jon Falt accompagnent Bobo Stenson depuis 2008 avec la parution de l’album Cantando : c’est dire si cette communion musicale est confirmée. L’interprétation de « You Shall Plant A Tree » émerveille. Cette pièce maîtresse qui ouvre l’album est dédoublée, avec une variation du même thème clôturant le disque avec une densité rayonnante. Le traitement pianistique sait se faire mesuré, le jeu se concentrant alors dans le médium tout en révélant avec parcimonie un mystère qui évoque un requiem. « Unquestioned Answer », dédié à la mémoire du grand compositeur américain Charles Ives, renvoie à la fameuse pièce composée en 1908, « The Unanswered Question ». Si la question originelle est sans réponse, Bobo Stenson approfondit la recherche sonore avec brio. Telles des gouttes d’eau, ce sont des notes parsemées par le pianiste qui répondent au phrasé mélodique du contrebassiste inventif et maître de l’utilisation de l’archet. « Spring » laisse également la part belle à Anders Jormin tout en privilégiant la construction structurelle d’un Jon Falt majestueux avec son jeu de batterie foisonnant. Le chant du piano rejaillit avec une liberté expressive dans « Communion Psalm », les trois instrumentistes dévoilant leur inventivité dans cette pièce où le bruissement lyrique émerge de façon admirable.

L’introspection esquissée dans cet album révèle une variété de climats empreints d’une chaleur à la fois tendre et nostalgique. La géométrie de cette formation sublime un point d’équilibre, faisant de Sphere une pure extase musicale.