Chronique

Bojan Z

As Is

Bojan Zulfikarpašić (p)

Label / Distribution : Paradis Improvisé

Ces dernières années, le pianiste s’est fait sideman, notamment avec le trio Night Bus (Gary Burton et Simon Goubert), le batteur Dejan Terzić et bien entendu Michel Portal.

À l’invitation du label Paradis Improvisé, il se plie à la règle d’enregistrement : les pianistes jouent dans les mêmes conditions - même pièce, même piano, même ingénieur du son et même temps d’enregistrement. Soit une après-midi marseillaise pour enregistrer ce solo.
Comme pour les précédents disques en solo, Soul Shelter et Solobsession, le musicien propose quelques standards en plus de ses propres compositions/improvisations. Cette fois-ci, ils sont plus nombreux et signés Jimmy Rowles, Wayne Shorter, Charles Mingus, Horace Silver, Clare Fischer.
Non que le pianiste soit en manque d’inspiration - on le sait très généreux en termes de composition, mais parce que l’appropriation d’un standard est un exercice qu’il aime et dans lequel il est bon. Avec une approche totale du piano (il utilise ses deux mains à force égale, se sert du cadre du piano comme percussion, joue de la résonance et s’amuse à harmoniser sa main droite en sifflant), Bojan Z peut magnifier n’importe quel thème.
On reconnaît instantanément son toucher, la force de ses accords riches, le cristal de ses aigus, son martèlement polyrythmique et une certaine approche dynamique aux accents mélodramatiques.
Moins lunaire, moins nostalgique que les deux albums solo précédents, As Is est plus virevoltant, plus ouvert, plus léger sûrement.
Les conditions d’enregistrement y sont pour quelque chose : ici pas de temps à perdre, on se jette à l’eau. Il en ressort une impression de disque enregistré en concert, imparfait car sur le vif. C’est une belle surprise que de réentendre le pianiste livré à lui-même.