Chronique

Ceccarelli, Linx, Goualch, Imbert

À NousGaro

André Ceccarelli (dms), David Linx (voc), Diego Imbert (b), Pierre-Alain Goualch (p, fender rhodes)

Label / Distribution : Just Looking/Harmonia Mundi

Il y a quatre ans, ces mêmes musiciens rendaient un premier hommage à Claude Nougaro avec Le coq et la pendule, justement salué dans nos colonnes en son temps. Mais l’impressionnant répertoire de tubes laissé par le Toulousain fournissait assez de matière pour envisager une suite ; d’autre part, son âme avait en quelque sorte imprégné le groupe au fil des nombreux concerts qui ont suivi la parution du disque.

Un second volume paraît donc aujourd’hui, qui réunit toujours André Ceccarelli à la batterie, Diego Imbert à la contrebasse, Pierre-Alain Goualch aux claviers et David Linx au chant. Linx qui s’arroge une place de choix puisqu’il est désormais présent sur la quasi-totalité des titres : le « trio avec invité » s’est mué en quartet homogène.

Opportunément sous-titré « Inédits et incontournables », À NousGaro présente deux aspects bien distincts. C’est, d’une part, la suite du Coq et la pendule, avec des interprétations des plus grands succès de Nougaro : « Le cinéma », « A bout de souffle », « Armstrong », « Bidonville », « Un été ». Chaque morceau est l’occasion pour David Linx de se positionner au plus juste, en jouant avec la mélodie, en introduisant des décalages, du rubato, et en l’agrémentant de scats discrets. Sa diction irréprochable (en particulier sur les titres les plus rapides comme « A bout de souffle ») est impressionnante. Il ne s’agit pas ici de se servir des textes mais bien de les servir, tout en y ajoutant suffisamment de personnalité propre pour offrir à l’auditeur une manière différente d’appréhender ces incontournables. Les arrangements sont eux aussi admirables, sobres et pertinents, insufflant ici des variations rythmiques, là des ostinatos qui contribuent également à éclairer les chansons d’une lumière nouvelle.

La seconde facette d’À NousGaro, qui se situe plutôt dans le prolongement du chanteur disparu, est une mise en musique de textes inédits par un ou plusieurs membres du quartet. On imagine presque Nougaro chanter cet « Il était une fois des yeux », cet « Une femme marche vers toi » ; son absence se fait alors plus aiguë, et le disque suscite des sentiments contradictoires, une subtile alliance de plaisir, de tristesse, d’espoir et de nostalgie. C’est là toute la force de Nougaro et de ces musiciens qui ont si bien saisi son univers.