Chronique

Curtis Stigers

Secret Heart

Curtis Stigers (voc, ts), Larry Goldings (p), John Clayton (b), Jeff Hamilton (d), Gilbert Castellanos (tp), Anthony Wilson (g).

Label / Distribution : Concord/Universal Music

Curtis Stigers a été d’abord une vedette pop à la radio, avec un tube qui s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires à la fin des années 80. Mais il ne faut pas en tirer des conclusions hâtives, car il se consacre depuis au jazz, avec des résultats fort honnêtes.

Stigers se situe dans ce courant de jazz vocal masculin qui comporte, entre autres, Georgie Fame et Ben Sidran - sans avoir l’originalité des illustres ainés que sont Dave Frishberg, Bob Dorough et surtout Mose Allison, leur amour du « vrai jazz » est sincère, leur goût fiable et leur talent indéniable.

Contrairement à Georgie Fame, Stigers ne se livre pas à l’exercise de « vocalise », c’est-à-dire la mise en paroles des solos de saxophone ou de trompette, une spécialité qui date du début des années 50 et demande des acrobaties vocales que Stigers aurait peut-être du mal à assurer. Il se consacre tantôt à des chansons d’amour comme « It’s So Hard » (de Randy Newman), « Secret Heart » ou les grands classiques, « My Foolish Heart », « Body and Soul » ou encore « Days of Wine and Roses », tantôt à des versions à faire claquer les doigts de « Down With Love » ou « You’re Driving Me Crazy ». Notons aussi le « Hometown Blues » de la star de la country contemporaine, Steve Earle, et « How Could a Man Take Such A Fall », de sa propre plume. Sa voix chaude et bluesy se prête parfaitement à ce répertoire qui swingue parfois avec une séduisante douceur, parfois avec énergie. Un élément essentiel de cet album sympathique est le trio accompagnateur : Larry Goldings au piano, John Clayton à la contrebasse, et Jeff Hamilton à la batterie, des musiciens dotés d’une grande sensibilité et qui font partie du gratin du jazz.