Scènes

Festival Musiques Métisses 2016

Compte rendu des 20 ans du festival de musiques du monde de Colmar.


Visuel © Colin Delfosse

Cette année, le festival Musiques Métisses de Colmar fêtait sa 20e édition du 12 au 15 mai 2016 au Cercle Saint-Martin. Retranscription à partir du journal de bord de ces quatre jours passés d’escale en escale à travers le monde… ou presque.

Jeudi 12 mai

Après les quelques mots d’inauguration de François Laperrelle, président de l’association Lézard, puis de la ville de Colmar, une classe de collégiens ouvre le festival par un chant québécois. S’ensuivent des chansons africaines et turques devant un public d’une cinquantaine de personnes, constitué principalement des bénévoles de Lézard, de quelques élus de la région et bien sûr, des parents venus voir leurs enfants se produire devant la scène. À l’extérieur, on se restaure avec les associations locales proposant différents plats de leur pays. Japon, Afghanistan, Bénin, Turquie… et les incontournables merguez.

Venant de Strasbourg… et de Grèce, Flying Baglamas entre à son tour sur scène. Le rebetiko, musique traditionnelle grecque, s’apparente à du blues. En compagnie de l’accordéoniste Yves Baraud et Yannis Rabotas à la guitare, Zeynep Kaya entonne tantôt chants, tantôt poèmes du pays avec beaucoup de douceur…

Äl Jawala © Léna Tritscher

C’est au tour du quintet allemand Äl Jawala [æl dʒa’væla], du nom arabe “[le] voyageur”. Mélange de fanfare balkanique, de remix hip-hop et de saxophones, ça swingue jusqu’au fond de la salle. Très vite, le public se chauffe… et s’échauffe : les musiciens vont jusqu’à nous interpréter à leur façon La Danse des canards, prouvant qu’ils ont plus d’une corde à leur arc !

Vendredi 13 mai

On se prépare pour une parade dans Colmar avec le collectif Bal’Us’Trad depuis le centre ville, Place des Unterlinden jusqu’au Cercle Saint-Martin. Tout le monde déambule à grand renfort de poudres multicolores que les enfants sont ravis de semer un peu partout. L’arrivée se concluant sous des nuages menaçants, on en profite pour s’abriter sous les tentes et se restaurer avant de redécoller…

BKO Quintet © Léna Tritscher

Pendant que certains enlèvent encore, autant que possible, la poudre colorée qui s’est incrustée sur les vêtements, nous faisons escale au Mali, dans le Bamako de Fassara Sacko, l’une des voix hypnotiques de BKO Quintet. qui mélange chants maliens et rock. Dans le public, on aime ça : la chanson Beleba Chima fait lever quelques chaises pour danser au plus près de la scène.

Direction le Maroc pour clôturer la soirée. Ce soir, Aziz Sahmaoui et sa mandole s’associent avec The Walk. C’est rock et oriental ; chacun d’entre eux amène sa patte musicale, ils jouent autant leurs compositions respectives que certaines spécialement apportées pour ce projet. Une collaboration étonnante.

Samedi 14 mai

Nous sommes dans la cour extérieure du musée d’Histoire Naturelle et d’Ethnographie, pour écouter Ba Banga Nyeck et éveiller nos papilles gustatives aux spécialités africaines, pâtisseries et jus divers. Boni Gnahoré aux percussions accompagne Ba Banga Nyeck au balafon chromatique, une invention de son cru… Les grondements du tonnerre font du ciel un parfait fond sonore.

Nous partons pour le Cercle Saint-Martin, découvrir le groupe Quero Quero au plus près du public sous les tentes extérieures, à la bonne franquette. Une belle initiative pour venir écouter de la roda de choro.

La Mal Coiffée © Léna Tritscher

Repli à l’intérieur. Sur scène, les quatre filles de [la] Mal Coiffée n’en n’ont que le nom. Avec leur polyphonie douce et énergique, elles nous servent sur un petit plateau ces accords verbaux tout en poésie de langue occitane, accompagnées de percussions issues du Pays Basque et du Maghreb. Le Sud nous réchauffe.

Tenue de soirée exigée : grand bal avec le groupe Coco Sunshine, reprenant des standards latins et africains. Le public danse la rumba, la marinera à sa manière… Faussement sans doute mais on se trémousse jusque très tard dans la nuit.

Dimanche 15 mai

Dans la cour du Cercle Saint-Martin sur l’estrade en béton, les Orteils Décollés donnent le tempo Klezmer. Les enfants adorent l’accordéon qui souffle ses airs, pendant que la clarinette se fait l’effet bel oiseau.

Anne Paceo Quartet - Circles © Léna Tritscher

Nous avons rendez-vous avec le quartet d’Anne Paceo et son Circles. Quelle surprise de les écouter sur scène ! Superbe, fantastique, magique… Les adjectifs manquent. Les voir jouer sur leurs instruments respectifs tout en jonglant avec leurs (petites) boîtes électroniques à effets multi-sonores est simplement fascinant.

Balaphonics clôture la fin de cette dernière soirée. Neuf musiciens se tiennent devant nous. Un très beau brass band. On s’y sent tellement bien… À force de percussions et cuivres, on se sent près de la scène comme dans un salon entouré de copains pour y passer un bon moment ensemble. Et justement cette dernière soirée célèbre la fin des festivités de cette 20e édition de Musiques Métisses en applaudissant tour à tour les bénévoles, appelés sur scène pour l’occasion. À côté d’eux — côté droit de la scène — le lézard en peluche, mascotte de l’association, espère comme chaque année… une prochaine édition !