Chronique

Miles Davis

Live at the Filmore East

Miles Davis (tp), Wayne Shorter (ss, ts), Chick Corea (elp), Dave Holland (b, elb), Jack Dejohnette (d), Airto Moreira (perc).

Label / Distribution : Columbia Jazz / Sony

Cela faisait longtemps que les amateurs de jazz attendaient la sortie de ce concert donné au festival de rock de Filmore. Le quintet perdu comme on l’appelle (plus le percussionniste Airto Moreira) y est pour la nuit du 7 mars 1970 et deux sets exceptionnels. De la jungle sensuelle de Bitches Brew, enregistré quelques mois auparavant, on est passé à une jungle sauvage, âpre et violente.On imagine les amateurs de rock, attendant le concert du Crazy Horse et se prenant cette musique en pleine face…pas très étonnant qu’ils n’aient pas trop apprécié !

Le sextette se jette corps et âme dans la musique qui contient déjà en germe les futures esthétiques de Miles. Le bassiste Dave Holland reste donc assez imperturbable. C’est lui le socle, autour duquel la bataille fait rage. Funk, free, rock, jazz s’entrecroisent, tourbillonnent, donnent le vertige. C’est la grande valse des étiquettes et des sons. Ecoutez Chick Corea pilonner son discours d’effets électroniques, DeJohnette mettre une claque au rythme à chaque coup de baguette. Et puis Wayne Shorter, plus libre que jamais, soufflant comme un beau diable dans ses saxophones. Quelle équipe, quelle musique !

Enfin il y a Miles, bien entendu. Jeu de trompette très rythmique, haché. Déjà plus vraiment de notes mais des nappes stridentes de son, comme pour convier Hendrix et Coltrane à la fête. Quelques temps plus tard il franchira définitivement le pas en utilisant la pédale wah-wah.

Royal !