Chronique

Peemaï

Peemaï

Hugues Mayot (ts, synth), David Vilayleck (g), Alfred Vilayleck (b), Franck Vaillant (dms) + Sisengchan Thipphavong (voc), Vongdeuan Soundala (voc), Vilasay Laisoulivong (khongvong, lanade, sor), Odai Sengdavong (pi phouthaiy, khène, vode, sor)

Label / Distribution : Shreds Records

C’est lors de l’édition 2010 du Koa Jazz Festival que les frères Vilayleck rencontrent Franck Vaillant, venu jouer pour l’occasion avec Magic Malik. Rencontre décisive, car l’envie de jouer ensemble est immédiate. Hugues Mayot vient compléter la formation, et Peemaï donne son premier concert en 2016 à Vientiane, capitale du Laos, devant pas moins de 300 personnes. Après d’autres concerts en France, et une maquette très prometteuse en 2017, le projet n’a pas tardé à retenir l’attention. Autant dire que ce premier album était attendu.

Le style musical découle naturellement d’une passion commune pour le Laos : Partir de musiques traditionnelles, des lam [1], associées au jazz, au rock, à l’électro, voire au noise, pour aboutir à une musique métissée et spontanée qui, bien que très riche, ne se noie jamais dans la complexité. À la sortie du studio, Franck Vaillant a envoyé les pistes au Laos, tout droit chez un ami ingénieur du son basé à Vientiane, pour qu’il enregistre des chanteurs et percussionnistes locaux, ajoutant des pistes en post-production.

Le résultat est une musique d’une incroyable fraîcheur, qui va au-delà de la seule reprise : on découvre ces mélodies d’Asie du Sud-Est que les cordes des frères Vilayleck entonnent et que les rythmes de Franck Vaillant enrobent tout entières, tandis que le saxophone inspiré de Hugues Mayot sillonne des paysages imaginés. Les grooves révèlent toute la puissance de cette musique, et nous la rendent familière et inédite à la fois.

L’attente en valait la peine : cet album est une réussite de bout en bout et déborde d’inventivité. A suivre, à voir, à écouter, sans modération.

par Raphaël Benoit // Publié le 1er avril 2018
P.-S. :

[1Les « Lam Lao » sont des musiques traditionnelles du Laos, sorte de blues, de standards, dédiés à chaque ville, où l’on évoque les gens, la ville…