Chronique

Scott Hamilton Quartet

Classics

Scott Hamilton (ts), Jan Lundgren (p), Hans Backenroth (cb), Kristian Leth (dm)

Label / Distribution : Stunt Records

Cet éternel jeune homme de 68 ans qu’est Scott Hamilton ressort son sax ténor de son étui pour commettre un rapt dont seul le jazz a le secret. Avec son quartet danois, à l’invitation du label Stunt Records, il a enregistré des extraits de pièces de musique classique en les traitant à la manière de standards de jazz. C’est diaboliquement efficace et délicieusement subversif. On croirait entendre des thèmes issus de la comédie musicale de Broadway. Que « My Reverie » soit basé sur « Rêverie » de Claude Debussy, cela s’entend certes. Mais qu’un passage de la 5ème symphonie de Tchaïkovski se voit affublé du nom de « Moon Love » ou qu’une œuvre de Dvorak devienne « Humoresque »… il y a là de quoi faire perdre son latin au titulaire d’un orchestre symphonique. Que les cygnes sur leur lac ne s’inquiètent pas s’ils sont pris de mouvements convulsifs : on ne leur donne pas à manger, c’est interdit… mais qui a dit qu’ils ne pouvaient pas recevoir une bonne dose de swing ? Ce son lancinant et amoureux de saxophone, qui n’est pas sans rappeler la cruelle douceur d’un Ben Webster, ce sens de la syncope et des échanges fluides, quand chaque musicien présent est en soi un orchestre (mention spéciale aux solos magistraux de contrebasse à l’archet) : tout concourt ici à rappeler que le jazz, si besoin en était, est un formidable creuset musical. Ce disque est un classique, évidemment.