Connections

Un CD en apparence classique mais qui s’avère trompeur pour l’oreille peu attentive.

Matthieu Marthouret y a réuni son « Talkin’ About Trio » et le saxophoniste en vogue qu’est David Prez. C’est donc un « Talkin’ About Trio + 1. »

A la première écoute, on est surpris par le groove appuyé, les rythmes suggérés. Visiblement inspiré par plusieurs organistes, Marthouret étale sa palette de couleurs en puisant avec habileté et finesse dans l’apport latino de Patrick Villanueva sur « Fly », de Jimmy Smith sur « Spread the Blues » et dans les nappes du compositeur et pianiste Lalo Schifrin sur « Sweet Nightmare ». De même, le guitariste Sébastien Joulie met à profit le registre posé de Wes Montgomery, avec des phrasés qu’on rencontre aussi chez William Chabbey, que de celui de Pat Martino.

Finalement, on se rend compte avec joie que derrière cette apparence agréable mais un peu désuète, Connections est un CD très actuel. Sur « Le prysm », l’intervention de David Prez au sax ténor avec effets de pédale est plutôt réussie. Sur la très belle ballade de Marthouret, « Joe », le son lointain - au sens physique - et moqueur du sax apporte une candeur nouvelle et surprend l’auditeur. Le jeu mainstream moderne de Prez et sa sonorité électrique moderne, dans ce contexte, donnent un côté anachronique, décalé, et évoquent, toutes proportions gardées, un Dave Douglas.

Les compositions, toutes originales et principalement de Marthouret, ont un sens global malgré leur diversité. Elles sont enregistrées en live et cela se sent : les musiciens jouent, et bien… malgré quelques « erreurs » - finalement bienvenues - dues à la fougue et la générosité inhérentes aux conditions d’enregistrement. Cependant on regrettera une prise de son et un mixage insuffisants, sans parler du piano… faux ! de Marthouret sur « The Sirenwalk ».