Scènes

Tribute To Soft Machine

l’hommage des polissons à la machine molle


Collectif Polysons + Hugh Hopper, Emmanuel Bex et Elton Dean - Le Triton (Mairie des Lilas)- Montreuil(93) - 13 & 14 Septembre 2002

P.O. Govin par Hélène Collon

Après divers projets autour de la musique d’Oum Kalsoum ou de Franck Zappa, le collectif Polysons rend hommage au groupe Soft Machine. Fidèle à son mode de fonctionnement (le collectif crée essentiellement des rencontres musicales avec des musiciens de tous horizons), ces « jeunes » jazzmen - Pierre-Olivier Govin (sax), Serge Adam (trompette), Jean-Rémi Guédon (sax) et François Merville (batterie) - ont proposé à Hugh Hopper (basse) de les rejoindre pour faire revivre la période mythique du groupe (1970).

Le choix de Hugh Hopper s’imposait, non seulement pour apporter une sorte de « légitimité » au projet, mais aussi parce qu’il est le seul musicien originel du groupe à poursuivre une carrière musicale dynamique. Auteur de projets discographiques assez espacés, Robert Wyatt a rejeté à jamais l’idée de remonter sur scène, et garde de très mauvais souvenirs de l’époque Soft Machine ; quant à Mike Ratledge, il a tourné le dos à la musique depuis de longues années, et lui non plus n’a aucune nostalgie de cette période.

Elton Dean par Hélène Collon

Pour recréer le son du groupe et compléter les arrangements (signés P.O. Govin, âme du projet), il manquait un orgue. Emmanuel Bex fut invité à compléter la formation, qui donna son premier concert en décembre 1998 à St Germain-en-Laye. L’expérience fut bien accueillie à l’époque, et c’est avec grand plaisir que le collectif Polysons décida de renouveler l’expérience cette année. Avec un invité supplémentaire, et de taille : Elton Dean (sax), membre de Soft Machine de 1969 à 1972, et le musicien le plus « free » du groupe. Sa présence fut l’occasion d’étendre le répertoire de ce « Tribute » et surtout de recréer le line-up de Soft Machine période « septet » (1969) - cette formidable version du groupe avait malheureusement laissé très peu de traces discographiques.

Hugh Hopper par Hélène Collon

La nostalgie fonctionnant à plein, la salle était pleine à craquer. L’hommage fut fidèle sans être parodique, avec des musiciens qui se sont donnés à fond. Le répertoire était basé autour de l’album mythique Third, et des compositions de Hopper et Ratledge (Facelift, Slightly all the Time, Dedicated to You, Pig..), avec des incursions vers des morceaux moins connus (Gesolreut, All white, Chloe and the Pirates…), le tout évitant soigneusement le répertoire signé Karl Jenkins - qui prit le pouvoir sur le groupe après les départs respectifs de Dean et Hopper.

Un véritable bonheur pour tous les fans, puisque c’est d’abord à eux que ces soirées s’adressaient, notamment ceux qui n’avaient pas eu l’occasion de voir le groupe « live » à l’époque. Et ils étaient nombreux, car vu la moyenne d’âge du public, beaucoup n’étaient même pas nés à l’époque de Soft Machine ! Preuve que cette musique reste bien vivante et toujours d’actualité.