Entretien

Alejandra López modèle le son brut

Entretien avec la contrebassiste espagnole en partenariat avec In&OutJazz.

Alejandra López @ Raúl Alonso

Alejandra López est une contrebassiste et compositrice espagnole qui, à 19 ans seulement, est déjà un exceptionnel talent de la musique improvisée. Alejandra López a grandi dans un environnement musical. Elle a fini des études en piano classique et contrebasse. Actuellement, elle étudie la contrebasse au Conservatoire royal de Madrid. Elle s’est intéressée à la musique improvisée dès l’âge de 14 ans car cela lui permettait de mieux s’exprimer.

Alejandra López @ Raúl Alonso

Dès son apparition sur la scène musicale, elle a reçu de nombreuses invitations à collaborer de la part de musiciens de jazz bien établis. Elle est influencée aussi bien par des musiciens tels que Christian McBride, Esperanza Spalding ou Niels-Henning Orsted Pedersen que par d’autres styles musicaux comme la néo-soul. C’est dans la musique improvisée que commence le processus de recherche d’une forme pour toutes les idées. Avec un son frais, doux, puissant, brillant et un large éventail d’idées et de ressources, elle parvient à communiquer profondément avec son public.

- Comment, quand et pourquoi vous êtes-vous intéressée au jazz ?

Je me souviens qu’au conservatoire, j’improvisais toujours sur le morceau que je travaillais. Je trouvais de nouvelles mélodies et m’amusais avec la musique. Un jour, j’avais dix ans, j’ai demandé à mon professeur de piano, qui enseignait également le jazz au conservatoire, s’il pouvait m’apprendre à jouer du jazz. Il m’a appris comment improviser sur des variations de blues au piano. Cet intérêt m’a ensuite amené à prendre des leçons de jazz avec les contrebassistes Toño Miguel, Reinier Elizarde et Javier Colina. Ce qui a influencé mon approche du jazz, c’est le fait d’être entourée de musiciens et d’amis passionnés par cette musique. J’ai commencé à participer à des jam sessions et j’ai rencontré de nombreux musiciens de la scène jazz de Madrid. J’ai beaucoup appris en écoutant énormément de musique.

- Comment formez-vous vos idées et quel est votre concept de la forme en termes de composition ?

J’ai de nombreuses idées. La plupart des sons et des musiques que j’écoute habituellement m’inspirent, que ce soit un morceau de Chopin ou le son d’une rame de métro qui arrive en gare – même les klaxons des voitures sont une source d’inspiration. J’écris et enregistre ces idées avant de les façonner petit à petit. Quand j’avais sept ans, j’ai commencé à écrire de la musique à l’aide d’un logiciel de notation musicale. J’écrivais des mélodies et je les modifiais après les avoir écoutées. Aujourd’hui, pour chaque chanson, j’essaie de trouver une forme qui permet à l’énergie de circuler. Je commence avec beaucoup de sections à l’état brut et ensuite je vais choisir d’en faire un rondo ou une rhapsodie, mais afin de canaliser le contenu de chaque morceau je cherche également des formes plus conventionnelles : AABA, par exemple, et j’ajoute généralement des codas pour introduire une nouvelle idée.

- Quelles sont vos influences et qu’ont-elles apporté à votre jeu et à vos compositions ?

Mes influences sont très variées. Je suis inspirée par : des compositeurs classiques (Debussy, Bach, Beethoven, Brahms, entre autres) pour leurs mélodies et leur sensibilité ; par des contrebassistes (Ron Carter, Esperanza Spalding, Charles Mingus, Niels-Henning Ørsted Pedersen, Ray Brown ou Christian McBride) pour leur jeu singulier et leurs techniques d’interprétation ; des guitaristes comme Pat Metheny, Mike Stern pour leur monde sonore et leur version du jazz-rock ; Stevie Wonder pour sa maîtrise de la composition et de la production. Erykah Badu et Esperanza Spalding m’ont beaucoup influencée – elles sont une véritable inspiration pour moi. J’essaie d’incorporer un peu de tous ces artistes, parmi tant d’autres.

- Quelles sont vos qualités en tant que musicienne et compositrice ?

Mes points forts en tant qu’artiste sont l’énergie et l’engagement dans l’instant et la chanson qui est jouée. Lorsque je monte sur scène, je me donne à fond. En termes de composition, je dirais que je suis à la recherche de la spontanéité.

Alejandra López @ Raúl Alonso

- Quelle est votre conception de la musique improvisée et qu’apporte-t-elle à votre musique ?

J’apprécie beaucoup la musique improvisée parce qu’elle permet de voir l’individualité de chaque musicien et qu’elle encourage l’écoute entre les membres du groupe, créant une interaction et un dialogue spontané pendant qu’une personne joue en solo – la recherche de textures sonores est également importante. Les capacités de chaque musicien sont combinées et placées dans le contexte d’un effort coopératif.

- Quels sont vos projets à venir ?

Je travaille actuellement sur le premier projet que je présenterai au Café Berlín à Madrid où je jouerai et chanterai mes propres chansons ainsi que plusieurs de mes standards préférés. Ensuite, je me produirai avec le quintet d’Abe Rábade dans des festivals aux États-Unis et au Portugal. Et bientôt, vont sortir plusieurs albums sur lesquels j’ai joué, qui ont été enregistrés par des artistes que j’admire énormément. En parallèle, je vais continuer mes études de musique classique à Madrid, que je mènerai de front avec mes études de jazz.


Entretien : Bega Villalobos pour In&Out Jazz

par // Publié le 8 mars 2024
P.-S. :

Cet article est publié simultanément dans les magazines européens suivants, à l’occasion de « Giant Steps » une opération de mise en avant des jeunes musiciennes de jazz et blues : Citizen Jazz (Fr), JazzMania (Be), Jazz’halo (Be), London Jazz News (UK), Jazz-Fun (DE), Giornale della musica (IT), In&Out Jazz (ES) et Donos Kulturalny (PL).

This article is co-published simultaneously in the following European magazines, as part of « Giant Steps » an operation to highlight young jazz and blues female musicians : Citizen Jazz (Fr), JazzMania (Be), Jazz’halo (Be), LondonJazz News (UK), Jazz-Fun (DE), Giornale della musica (IT), In&Out Jazz (ES) and Donos Kulturalny (PL).

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