Scènes

Apéro Labo : Météore rencontre Birgé

Laboratoire musical le plus cool du monde.


Jean-Jacques Birgé, Fanny Meteier et Maëlle Desbrosses

Ne prévoyez pas d’aller chez le coiffeur avant un concert d’Apéro Labo chez Jean-Jacques Birgé. Vous risquez d’en sortir ébouriffé. Eh oui, parfois la musique passe avant l’allure et les standards trépassent devant tant d’inventivité.

L’invitation ludique et poétique, un brin loufoque, indiquait :
« La liberté de l’indépendance pour le plaisir des sens
Concert dans un lieu mythique
Excellentes conditions acoustiques
Délicieuses provisions de bouche
Nos compositions instantanées sont enregistrées en votre présence
Qualité disque
 »

Fanny Meteier, Jean-Jacques Birgé et Maëlle Desbrosses

Tout un programme. Ce n’est pas peu de l’écrire…
Cet évènement qui s’est déroulé par un dimanche de pluie endormi du 18 février dernier, était bien plus qu’un simple programme. Jean-Jacques Birgé recevait en polymathe flegmatique, vêtu d’une combinaison orange tonique, comme tout droit sorti d’une prison où il serait interdit… de ne rien toucher !
Cet homme de l’art, des arts et des sons pleins de surprises, invitait Maëlle Desbrosses à l’alto et Fanny Meteier au tuba. Ce binôme espiègle de musiciennes forme le duo Météore, qui se produira par ailleurs le 2 mai 2024 prochain à l’Atelier du Plateau à Paris.

Le maître mot du maître de maison : «  C’est moins se rencontrer pour jouer que jouer pour se rencontrer ».

Cet Apéro Labo # 2, performance unique et singulière, atypique et follement expérimentale, s’est déroulé autour de pages tirées, par quelques mains sollicitées au hasard, du Codex Seraphinianus, écrit vers la fin des années 1970 par Luigi Serafini, : un ouvrage rédigé en une écriture non déchiffrée et indéchiffrable et illustrée de planches toutes plus fascinantes les unes que les autres.

Jean-Jacques Birgé

Les improvisations de ce trio d’un jour se sont ouvertes sur la page des fourmis ailées, puis sur une planche présentant un étrange jeu d’amour et de crocodile, en passant par des fleurs imaginaires, des œufs surréalistes, des robinets à poissons…

Comment décrire ces images en musique ?
« Ma recherche musicale et ma musique tendent un peu à faire du cinéma pour les aveugles » souffle Jean-Jacques Birgé. On a le plaisir d’assister à une inénarrable envolée de rythmes, de sons et autres onomatopées où toutes sortes d’instruments et d’objets sonores se prêtent à une polyphonie, atonale et atemporelle : terra, crécelle, triangle, pomme musicale, hygiaphone, trompette à anche, jusqu’au violon arbalète, instrument hybride et unique… La console de son et les claviers apportent leurs rythmes, leur résonances et leur couleurs sous l’oreille avisée et hautement imprévisible de Jean-Jacques Birgé.

L’alto de Maëlle Desbrosses, au jeu riche et varié, se laisse même caresser le dos par son archet et chatouiller ses angles. L’embouchure de Fanny Meteier va titiller le pavillon du tuba qui glougloute, soupire, répond, s’afflige, et se laisse explorer de mille façons par la fantaisie de son interprète.

On reste médusé devant leur infatigable curiosité pour les sons et leur exploration. En deux mots, il n’en restera qu’un : encore !

par Vanessa Paparella // Publié le 8 mars 2024
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