Chronique

Alexi Tuomarila

02

Alexi Tuomarila (p, kb), Nicolas Kummert (ts, ss), Christophe Devisscher (b), Teun Verbruggen (d), Samuli Edelmann (voc)

Label / Distribution : Warner Bros.

02 est le deuxième album en leader d’Alexi Tuomarila, pianiste finlandais habitant à Bruxelles depuis une dizaine d’années. Son quartet s’est formé en 1999, au conservatoire de Bruxelles.

Tuomarila a déjà remporté plusieurs concours de piano : une technique impeccable et parfois étonnante n’est donc pas inattendue. S’il n’est pas encore tout à fait convaincant sur les morceaux lents, il enivre quand son jeu se débride et se rythme. Sa main gauche est généralement plutôt discrète, mais en concert il vous offrira peut-être une improvisation à deux mains (rappelant un choral ou un prélude de Bach) tout à fait étonnante.

Tribu ouvre bien l’album, avec une mélodie qui semble tirée d’une danse traditionnelle. Sur ce morceau comme sur beaucoup d’autres, le dynamisme de Teun Verbruggen est crucial. Ce dernier a peut-être la personnalité musicale la plus marquante du quartet, questionnant et relançant sans cesse avec un swing joyeux et bruyant : on ne sera pas supris d’apprendre qu’il est fan de Joey Baron et Jim Black. Les trois autres thèmes de Tuomarila sont pleins de caractère : Noàidi tourbillonne en 7/4 et renoue avec la danse, tandis que le sombre Sacrament met bien en valeur son style d’accompagnement austère.

Solar de Miles Davis est prétexte à une exploration abstraite en duo batterie/piano, où le thème n’est exposé qu’à la fin. Sur For example, Tuomarila utilise un piano électrique au son saturé et laisse même échapper une phrase blues. Cela se remarque car habituellement le blues ne fait pas partie de son jeu.

L’album se termine sur une collaboration virtuelle avec Samuli Edelmann, un chanteur et acteur vedette en Finlande, ce qui flaire le marketing à plein nez. Dommage de se quitter sur un morceau qui commence assez bien, avec une superposition de voix, mais perd tout intérêt au bout de quelques minutes pour devenir de la pop banale.

Nicolas Kummert se montre à la fois joyeux et réfléchi, jouant toujours avec une grande tendresse. Il a ici plus d’espace pour ses solos qu’avec 4. Christophe Devisscher apporte le noyau émotionnel de l’album, Goodbye Little Godfather.

par Mwanji Ezana // Publié le 23 juin 2003
P.-S. :

Particularité : Brad Mehldau signe les notes de pochette.