Portrait

Asha Parkinson, saxophoniste monde

Portrait de la jeune saxophoniste anglaise en partenariat avec LondonJazz News.


Asha Parkinson est une femme aux convictions fortes. Sa mission : connecter les cultures entre elles grâce au pouvoir de la musique. Saxophoniste de jazz, elle trace son propre chemin de compositrice, brouillant les frontières entre le classique, le jazz et les musiques du monde. Depuis l’âge de quatorze ans, sa quête de « l’amour universel qui relie tout » l’a amenée à créer une grande variété de projets, de la chorale interculturelle Voices Beyond Division à sa suite Encounters avec des poétesses arabes. Elle prépare actuellement la sortie de son deuxième album, intitulé Possession .

Originaire du Kent, Asha Parkinson a grandi dans une famille de musiciens dont émerge un modèle féminin puissant en la personne de sa mère, pianiste accomplie et professeur de musique. Élevée dans la croyance à une éducation musicale holistique, elle a été immergée dans la musique dès son plus jeune âge, commençant le piano à l’âge de six ans. Elle précise : « Nous écoutions toujours beaucoup de musique à la maison, de Stockhausen au gamelan. »

À douze ans, Asha Parkinson atteint le Grade Eight au piano et au saxophone. Alors que son intérêt pour l’improvisation grandit, Asha rejoint le National Youth Jazz Collective avant de finalement auditionner pour la Purcell School. « C’est chez Purcell que j’ai découvert que j’adorais vraiment la composition », dit-elle. « Au début, je ne pensais pas pouvoir y arriver, mais petit à petit je me suis vraiment lancée et j’ai découvert mon besoin de traduire mes idées en notation musicale. J’avais aussi très envie d’apprendre à composer, car j’avais cette idée d’écrire une pièce chorale qui réunirait des chœurs d’enfants de confession musulmane, chrétienne et juive, aux côtés d’un orchestre de chambre et d’instruments arabes (projet qui est devenu le groupe Voices Beyond Divisions). Le fait d’étudier à Purcell m’a aidée à concentrer mes idées dans un projet primé ». Elle a reçu le Diana Legacy Award pour son travail humanitaire dans le cadre du projet Voices Beyond Division.

Asha Parkinson © Broadway Studios

Après Purcell, Asha Parkinson a étudié au Guildhall. C’est là qu’elle fonde Kalpadruma (qui signifie arbre de vie), un « ensemble mixte réunissant des musiciens classiques et de jazz, où je pouvais écrire du matériel avec des éléments d’improvisation et collaborer avec des musiciens de diverses traditions musicales du monde. Au départ, il s’agissait de musiciens indiens, puis arabes, grecs et flamencos. Je peux m’imprégner d’autres cultures à travers la musique afin de créer un monde sonore authentique allant au-delà de ces genres. »

Diplômée de Guildhall pendant la pandémie, la saxophoniste est devenue artiste de la Jazz South Breakthrough Commission. L’œuvre qu’elle a créée, Encounters, est une collaboration interculturelle avec des poètes arabes, dont Maram Al-Masri, ainsi que des musiciennes syriennes. «  Encounters explore ce qu’est être une femme dans des endroits touchés par les guerres. Je pense que nous sommes tous confrontés à la misogynie de différentes manières à travers le monde. C’est vraiment intéressant de dialoguer avec des femmes qui appartiennent à des cultures différentes, des cultures plus influencées par une religion rigoriste, et de voir combien il existe de limites supplémentaires. Il existe une identité féminine commune au sein des mouvements féminins pour la paix, comme la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, qui relie les femmes du monde entier dans un dialogue pacifiste. Dans mon travail, j’essaie toujours de me connecter à l’amour universel ; je trouve des idées dans tout.  »

Encouragée dès son plus jeune âge, la saxophoniste explique : « J’ai grandi avec un père conteur. Je trouve beaucoup d’inspiration dans les histoires et la poésie. Par exemple, sur mon nouvel album Possession, il y a des idées tirées d’histoires que mon père m’a racontées, des idées de Huxley, Tolstoï, Rumi. Des idées que vous lisez et qui vous font dire : « Cela explique vraiment beaucoup de choses ! » Elle a choisi la chanteuse suédoise Rebecka Edlund pour exprimer les paroles originales de ce dernier album : « C’est une personne très ouverte d’esprit et qui a beaucoup travaillé pour apprendre mes chansons, pour se glisser dans la peau d’une musicienne et chanteuse holistique, avec cette grande personnalité pour faire passer le message. »

« L’influence de l’étude des gammes et des rythmes arabes s’est vraiment infiltrée dans ma façon de composer. L’un des morceaux du nouvel album est ma mise en musique du Notre Père araméen original, qui me fascine depuis longtemps, car le message est très différent de la version moderne. Il n’y a pas de genre pour Dieu, il n’y a pas de sens du péché, il s’agit plutôt de dire « restons fidèles à notre véritable objectif d’atteindre la sagesse et la compréhension pour nous aider dans nos besoins quotidiens ». Cela ressemblait beaucoup plus à un dialogue d’égal à égal, plutôt qu’à un message très soumis. »

Asha Parkinson © Richard Kaby

Parallèlement aux performances qu’elle donne avec Kalpadruma dans des salles comme le Ronnie Scott par exemple, Asha Parkinson est sidewoman et participe au National Youth Jazz Orchestra notamment. « J’ai travaillé sur divers projets, notamment le projet Hermeto Pascoal, la série Amy Winehouse et, plus récemment, l’arrangement musical des spectacles Blue Note de NYJO. NYJO me soutient également en partie pour le nouvel album de Kalpadruma ».

Lorsqu’on lui demande ce qu’elle pense de la Journée internationale des droits des femmes, elle répond : « Je pense que c’est vraiment important. Cela contribue à créer de nouveaux modèles pour les jeunes femmes, démontrant qu’il existe, dans des professions à prédominance masculine comme le jazz, des personnes qu’elles peuvent admirer et dans lesquelles elles peuvent se reconnaître. Je pense également qu’il est vital que les femmes soient reconnues en tant que membres de l’équipe – pas seulement en tant que joueuses vedettes – mais en tant que membres à part entière d’un groupe. »

À tout juste vingt ans, Asha Parkinson est une jeune femme pleine d’idées qui explique que Kalpadruma, avec son line-up flexible, se prêterait bien aux tournées nationales et internationales. « J’adorerais collaborer avec des femmes du monde entier et mener mes projets dans les écoles, afin d’initier les enfants à notre musique interculturelle et de créer de la tolérance. »

Kai Hoffman pour LondonJazz News

par // Publié le 8 mars 2024
P.-S. :

Cet article est publié simultanément dans les magazines européens suivants, à l’occasion de « Giant Steps » une opération de mise en avant des jeunes musiciennes de jazz et blues : Citizen Jazz (Fr), JazzMania (Be), Jazz’halo (Be), London Jazz News (UK), Jazz-Fun (DE), Giornale della musica (IT), In&Out Jazz (ES) et Donos Kulturalny (PL).

This article is co-published simultaneously in the following European magazines, as part of « Giant Steps » an operation to highlight young jazz and blues female musicians : Citizen Jazz (Fr), JazzMania (Be), Jazz’halo (Be), LondonJazz News (UK), Jazz-Fun (DE), Giornale della musica (IT), In&Out Jazz (ES) and Donos Kulturalny (PL).

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