Scènes

Ça groove à Labarthe-Inard

Frédéric Petitprez, Greg Aguilar et André Da Silva étaient à Labarthe-Inard


André da Silva © Gilles Gaujarengues

Jazz sur son 31, en essaimant dans une bonne partie de la Haute-Garonne, a le chic de transformer en club de jazz une salle polyvalente de village. Cette année, c’est la salle des fêtes de Labarthe-Inard qui, le temps d’un concert, s’est pris pour NYC.

Frédéric Petitprez © Pierre Vignac

À la salle des fêtes de Labarthe-Inard, on ne dira pas que c’est la joie. Les conditions sanitaires – entre masques, gel et distanciation sociale (une drôle d’association, non ?) – sont pénibles et il faut une sacrée dose d’abnégation pour sortir de chez soi et courir les concerts. Reste qu’on ne fait pas de chichi quand le piémont pyrénéen a la chance d’accueillir un trio de la trempe de celui qu’a constitué le batteur Frédéric Petitprez.

Le répertoire est constitué de standards américains des années 1960, ou issu de cette tradition. Car si le trio entame le concert avec « Mo’ Better Blues », une composition pour le film du même nom, c’est bien dans la filiation du groove des sixties que le projet a été monté. C’était d’ailleurs le fil conducteur de Frédéric Petitprez pour constituer la formation et c’est bien ce registre que le trio développé : « Mellow Mood » de Jimmy Smith et Wes Montgomery, « Search for Peace » de McCoy Tyner, « The Moontrane » de Woody Shaw…

La formule avec Greg Aguilar à l’orgue se prête à ce genre d’exercice ; c’est d’ailleurs cette esthétique churchy que voulait Frédéric Petitprez.

Le concert se clôt avec une composition nerveuse de Charlie Parker : « Carrot Cake ». La configuration en trio tourne bien ; le rendu est impeccable. Dans le public, hyper silencieux, un timide « yeah » perce tandis qu’André da Silva ponctue son dernier chorus, signe qu’en dépit de la lourde ambiance faite de masques et d’éloignement social, on s’est tout de même pris au jeu.