Chronique

Eberhard Weber

Stages Of A Long Journey

Label / Distribution : ECM

Ce concert enregistré à l’occasion du 65è anniversaire du contrebassiste et compositeur allemand Eberhard Weber présente un métissage séduisant bien qu’inégal.

Pionnier de la contrebasse électrique et figure de longue date d’ECM, Weber revisite avec Stages Of A Long Journey d’anciens morceaux parus sur ce label à l’esthétique cristalline. Cette rétrospective est donc une invitation à découvrir ses œuvres passées.

L’album Yellow Fields (1975), enregistré en quartet, amorce idéalement cette démarche. Intemporelles, ses compositions provoquent un saisissement fugace et ineffable. Les albums suivants seront emmenés par des formations variables allant du solo à l’orchestre symphonique, à l’instar de ce concert.

Eberhard Weber poursuit ici sa trajectoire musicale dans le registre sensuel. A ses côtés sont réunis Gary Burton au vibraphone, Jan Garbarek aux saxophones soprano et ténor, Rainer Bruninghaus aux claviers et Marilyn Mazur à la batterie et aux percussions - solistes emblématiques et prolifiques du label ECM - portés par le SWR Radio Symphony Orchestra de Stuttgart dirigé par Roland Kluttig.

L’ensemble parvient à alterner habilement climats incertains et élégantes envolées. Toutefois, ces pièces variées qui mettent en valeur les invités versent parfois dans la posture caricaturale. Soutenue par l’orchestration symphonique qui illustre ici et là un imaginaire suggéré, la contrebasse s’impose toujours en pizzicato. Retour à l’épure, le compositeur clôt le concert par un solo concis et intime.

L’intérêt principal de cet album dispensable (malgré l’intention sincère et les moyens conséquents) reste sans doute la redécouverte des sonorités atypiques de la contrebasse électrique d’Eberhard Weber. Cette rétrospective réveille avant tout un souvenir nostalgique vis-à-vis d’une musique audacieuse captée à la grande époque d’ECM, quand la « réverbe » exacerbait chaque note et que le jazz trouvait en Europe une terre d’accueil.