Chronique

Gueorgui Kornazov – Brass Spirit Quintet

REMINISCENCES

Gueorgui Kornazov (tb / comp), Quentin Ghomari (tp), Didier Ithursarry (acc), Lucas Dessaint (tu), Eric Echampard (dm)

Label / Distribution : Autoproduction

Le Brass Spirit Quintet du tromboniste Gueorgui Kornazov, c’est trois cuivres, un accordéon et une batterie. Derrière ces instruments, une équipe de premiers de la classe. Si les Conservatoires Nationaux Supérieurs de Musique avaient un label, ils auraient pu éditer ce disque. Tous les membres du groupe en sont issus (personne n’est parfait) sauf Didier Ithursarry. Probablement parce qu’à la fin des années 80, les CNSM, encore pétris des préjugés liés à l’instrument, n’avaient pas de classe d’accordéon.
Un premier de la classe, il a 19/20 dans toutes les matières, il est installé au premier rang, il est bien coiffé mais bon… il est pas très fun et c’est pas forcément lui qu’on a envie d’inviter à son anniversaire. La bande à Kornazov est l’exception qui confirme la règle.

Le titre de l’album peut être entendu de deux façons.
Ré-miniscences parce que la composition de Kornazov est une suite ininterrompue d’une cinquantaine de minutes autour de l’échelle musicale de ré. Le procédé thématique formel n’est pas nouveau mais toujours passionnant. On a pu notamment l’entendre dans En mi total d’Andy Emler ou dans Le Fil de la chanteuse Camille.
Réminiscences, parce que toutes les influences ou rencontres majeures du tromboniste sont présentes, assumées et assimilées. La musique bulgare, certes, mais aussi le timbre de Roswell Rudd, les couleurs orchestrales de Carla Bley et de Lester Bowie, le lyrisme et la simplicité mélodique d’Henri Texier.
Il y a dans l’écriture de Kornazov, et dans sa science de l’imbrication et des croisements des lignes de cuivres, quelque chose de magique. Comme dans les formations de Charles Mingus, on a l’impression d’entendre un effectif beaucoup plus important que ce qu’il est en réalité. Le mixage n’y est peut-être pas étranger non plus, ce qui justifierait la curieuse sensation d’avoir parfois le tromboniste sur ses genoux tandis que le trompettiste joue dans la pièce d’à côté.
D’habitude, lorsque un disque contient deux ou trois magnifiques morceaux, on est contents. Réminiscences réussit l’exploit d’être magistral de bout en bout, chaque minute est essentielle. Chacun des douze titres qui forment la suite est un tube en puissance.

Ce disque déborde de joie et d’optimisme. C’est une pépite.