Chronique

I-Overdrive Trio

Hommage à Syd Barrett

Philippe Gordiani : g él. et folk ; Bruno Tocanne : dr, perc ; Rémi Gaudillat : tp, bugle

Voilà un disque salutaire ! Il était grand temps, en effet, d’évoquer le cas Syd Barrett sur un autre mode que psychiatrique et de nous rappeler, qu’avant toute chose, ce guitariste, membre fondateur et principal compositeur du premier album de Pink Floyd [1], était et restera un musicien authentique à la créativité parfois énigmatique, mais toujours empreinte d’une forte originalité. Homme et musicien fragile, Syd Barrett avait inventé un univers trouble et poétique qu’il prolongera dans quelques expériences en solo.

Mission réussie pour l’I-Overdrive Trio avec ce disque [2] qui se paie le luxe d’une fidélité spirituelle à la source de son inspiration alliée à une démarche esthétique parfaitement maîtrisée et plutôt jubilatoire.

Les exégètes du groupe auront reconnu que le nom de ce trio est une référence directe à une composition-phare de Syd Barrett, « Interstellar Overdrive », qu’on trouve sur le premier album de Pink Floyd, The Piper At The Gates Of Dawn. Comme surgie de nulle part, cette embarcation intergalactique, long instrumental, est à l’origine de l’envie, chez Philippe Gordiani, Bruno Tocanne et Rémi Gaudillat, de réaliser un hommage au créateur disparu en 2006.

Bien leur en a pris ! Car loin de tomber dans le piège du « à la manière de », les trois lascars de l’I-Overdrive Trio se sont laissé gagner par l’excellente idée d’élaborer un cocktail sonore peu banal (guitare, batterie, trompette) en prenant le risque de rendre leur musique difficile à classer. (Tout comme le fut en son temps la musique du Floyd originel, d’ailleurs.) Tant mieux !

Rock ? Oui, peut-être, ne serait-ce que par l’esthétique électrique et rageuse de la guitare. Jazz ? Aussi, parce que trompette et batterie revendiquent a priori cette appartenance et qu’à la moindre occasion, l’une comme l’autre ne se privent pas de divagations musicales bienvenues. Tant individuellement que collectivement, l’I-Overdrive Trio manifeste un parti pris de liberté (répétons que jamais il ne colle bêtement aux compositions originales) dans le respect total, toutefois, de la qualité mélodique des originaux [3], et en préservant une énergie fidèle à celle, justement, de son inspirateur : « Interstellar Overdrive. » Une réussite exemplaire.

Et pour mémoire, on citera les albums où l’I-Overdrive a puisé les compositions de son hommage :

  • Pink Floyd : The Piper at the Gates of Dawn (1967)
  • Syd Barrett : The Madcap Laughs (1970), Syd Barrett (1970).
par Denis Desassis // Publié le 11 septembre 2008

[1dont il sera vite écarté en 1968 après un second opus

[2paru chez Cristal Records

[3« Matilda Mother » ou « Octopus » en sont deux beaux exemples