Scènes

Jazz à Vienne 2012 (1) - 28 juin

Décidément, Jazz à Vienne et le Rhino Jazz, réunis depuis l’année dernière pour lancer le festival viennois, ont pris le parti de surprendre…


Jeudi 28 juin : une soirée d’ouverture où l’on oublie quelque peu le jazz…

Décidément, Jazz à Vienne et le Rhino Jazz, réunis depuis l’année dernière pour lancer le festival viennois, ont pris le parti de surprendre. Plus réussi en 2012 qu’en 2011, à ceci près que le jazz n’en est pas le fil conducteur… En effet,
l’an dernier, Vienne et Saint-Chamond (Loire) qui co-organisaient la soirée d’ouverture de JAV avaient fait appel aux Japonais déjantés de Shibusa Shirazu, qui s’étaient révélés un peu décevants à la longue. Cette année, le duo de festivals nous propose une entrée en matière assez époustouflante : les joueurs de tambours bariolés de la Compagnie « Transe Express » dans le ciel, suspendus au très mince filin d’une grue. Un spectacle apprécié des 7 000 spectateurs qui ont pris place sur les gradins du théâtre antique - jauge sans doute inférieure à celle escomptée, pour cause d’Euro de foot…

Photo Dominique Largeron

Avant que « Transe Expresse » ne réinvente les mobiles de Calder en version live sous le ciel étoilé, le groupe ghanéen Blitz « The Ambassador » enflamme la salle grâce à un mélange de rap, d’afro-beat et de chorégraphies dignes de la grande époque du rythm’n’blues. On ne fait pas plus rétro. Un mélange surprenant, mais plutôt efficace pour le public venu faire la fête et onduler en mesure plus que pour écouter du jazz.

Car dans tout cela le jazz est, il faut bien le dire, plutôt absent, concept oblige : cette soirée de lancement est gratuite et ouverte à tous… à condition d’obtenir des billets via un des partenaires ou de réserver par Internet. Le public concerné provient donc de tous horizons, ce qui explique ce choix un peu surprenant de prime abord pour un festival de fazz. (Pour accentuer ce côté « grand public », avant le concert ailé du Théâtre antique la musique africaine avait déjà, l’après-midi, envahi les rues de la ville pour une « flash mob » dédié à la danse ; une initiative plutôt réussie là encore, car elle a drainé près de six cents danseurs… ou plutôt danseuses, la gent féminine étant très largement majoritaire…)

Toutefois ce sont les nouvelles générations de collégiens, qu’on espère futurs aficionados du jazz, qui ont eu droit, le matin de l’ouverture, au spectacle le plus remarquable. The Amazing Keystone Jazz Big Band leur a proposé, au Théâtre antique, une adaptation originale de Pierre et le loup, œuvre pédagogique de Serge Prokofiev (1936), ici repeinte de belles couleurs bleues. Ses membres s’attachent à faire découvrir de façon ludique aux musiciens en herbe les différents instruments de l’orchestre. Avec cette initiative de la Communauté d’agglomération qui gère désormais JAV, on tient à conditionner très tôt les futurs festivaliers…

La soirée d’ouverture sera également marquée, en préliminaire, également sur la scène du Théâtre antique par un passage de témoin en public entre Jean-Paul Boutellier, le créateur de Jazz à Vienne et son principal artisan jusqu’à présent, et le nouveau directeur, le pianiste Stéphane Kochoyan, qui dirige par déjà plusieurs festivals, et ce, en présence de Jean-Paul Chazalon, créateur du Rhino Jazz de Saint-Chamond, qui tend à multiplier les liens entre ces deux festivals géographiquement si proches. Cela pourrait d’ailleurs augurer, pour la saison à venir, de concerts organisés à Lyon. La matrice Jazz à Vienne donnera peut-être naissance en cours d’année à quelques beaux bébés de couleur bleue…