Chronique

Jazzisfaction

Open Questions

Peer Baierlein (tp), Ewout Pierreux (p), David Petrocca (b), Yves Peeters (d)

Label / Distribution : De Werf

Pour Open Questions, son deuxième CD, le quartette pan-européen Jazzisfaction joue la carte d’un jazz sensible et intime, classieux et swinguant, beaucoup plus proche d’un bop West Coast qu’Issues.

Le leader Peer Baierlein est friand de mélodies lyriques et tristes. Sa sonorité, qui rappelle celle d’Art Farmer au bugle, et son jeu, qui affiche l’influence d’études avec Bert Joris, s’y prêtent parfaitement. Ainsi, dès les premières notes d’« Abschied », la mélancolie est présente. Le morceau-titre est peut-être la plus réussie de ses compositions, car elle est construite comme une vraie chanson et amène un peu de légèreté.

Le pianiste Ewout Pierreux abandonne presque totalement le Fender Rhodes qui faisait une grande partie du charme d’Issues, et favorise un jeu élégant, épuré et altruiste, émaillé de touches de blues. En duo sur « Simple Truth », l’entente avec le trompettiste atteint des sommets.

L’Italien David Petrocca remplace Martijn Van Buel et donne une impulsion plus traditionnelle, à l’image du répertoire. Comme les deux autres membres de la section rythmique, Yves Peeters n’est pas friand de tape-à-l’oeil ; cependant, malgré son bon goût discret, il est loin de ne faire que le métronome.

Bien que l’impression globale soit plutôt triste, la moitié des dix morceaux sont enlevés et évitent donc à l’album de sombrer dans l’excès de pathos. « Nasheet Never Waits » est un blues assez imaginatif, « Godzilla In Love » s’inspire du pas lourd du monstre en question et Baierlein et Pierreux se donnent quelques occasions de se lâcher sur « All It Takes (Is A Good Sniper) » et « Blow ! ». Enfin, le funk électrique d’« Angst » détonne un peu, mais montre que ce groupe sait faire la fête aussi bien qu’il chante ses chagrins.