Chronique

Lilamors

When I’m Dead, My Dearest

Ana Čop (voc), Thilo Seevers (cla), Jaka Arh (elec, fx).

Label / Distribution : Autoproduction

Accompagnée du pianiste allemand Thilo Seevers, avec qui elle avait enregistré un réjouissant Acts ! au début de la décennie, la chanteuse slovène Ana Čop propose avec Lilamors une atmosphère qui lui est propre : douce, aérienne et cependant vaguement inquiétante. When I’m Dead, My Dearest a la fragrance entêtante des tubéreuses et du jasmin, surtout lorsque l’électronicien suisse (également saxophoniste dans d’autres projets) Jaka Arh vient traiter le son à la racine, doublant les voix, ajoutant un brouillard joliment surnaturel (« And Now You’re Gone »).

Une fois passées quelques postures liées au climat raffiné et très tannique, très proche du sehnsucht propre aux courants romantiques de l’Europe Centrale - même si ce sont Emily Brontë et James Joyce qui sont convoqués -, on découvre à la fois un pianiste qui fait naître le trouble par son économie de gestes et sa simplicité, et surtout une vocaliste talentueuse. Ana Čop est capable de jouer avec l’éther de l’électronique (« Home ») ou d’emprunter quelques chemins nocturnes et apaisants comme le très beau « Slow Traveller », sans nul doute la plus belle surprise de cet album où l’électronique tombe en une pluie douce que le clavier de Seevers absorbe délicatement pour gagner en puissance. Chuchotis, voix de nacre et ruptures, la palette de Čop est très large et permet toutes les aventures. Un disque sensible et prometteur.

par Franpi Barriaux // Publié le 15 octobre 2023
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