Chronique

Ludovic Florin

Keith Jarrett

Label / Distribution : Editions du Layeur

Attention, poids lourd ! L’objet est du genre imposant, aussi bien par ses dimensions (près de 400 pages au format 30 cm x 30 cm) que par son poids (2,5 kg). Le cas échéant, il faudra faire preuve de délicatesse au moment de le déposer au pied du sapin car, c’est évident, il constituerait un très beau cadeau de Noël… Mais sa taille XXL, qui impressionne au moment où il faut le prendre en main, ne saurait faire oublier son précieux et très riche contenu orchestré par Ludovic Florin. Ce dernier, musicologue et enseignant à l’université de Toulouse-le Mirail, s’est déjà illustré en publiant des ouvrages consacrés à Chick Corea [1], Carla Bley ou Pat Metheny.

Cette fois, il entreprend l’ascension d’un sommet discographique assez unique, celui que constitue l’œuvre de Keith Jarrett, depuis sa participation au Don Jacoby And The College All-Stars en 1962 jusqu’à l’ultime concert solo à Munich en juillet 2016. En 127 textes présentés comme une vaste « disco-biographie », l’auteur passe en revue l’intégralité des enregistrements du pianiste, en leader ou sideman, qu’il s’agisse du jazzman ou de l’interprète classique et contemporain. Au-delà d’un « dictionnaire amoureux » des disques de Keith Jarrett, ce beau livre est, on le comprend très vite, une véritable somme, une encyclopédie dont le contenu exhaustif impressionne : reproduction de tous les visuels des pochettes, liste des titres et des musiciens et, bien sûr, pour chaque enregistrement une chronique très documentée. Tout cela est passionnant. Il ne manque rien, vous avez là le compagnon idéal pour accompagner l’écoute de n’importe quel album d’un musicien hors normes désormais condamné à l’inactivité. Dès lors, son prix (45€) paraît justifié en ce qu’il s’apparente à un excellent investissement. Lors de la remise de la Bourse NFA Jazz Masters Fellowship en janvier 2014, le pianiste avait commencé son discours en expliquant qu’on ne pouvait pas décrire la musique avec des mots. Peut-être est-il le mieux placé pour penser ainsi… Mais les mots de Ludovic Florin, eux, sont a minima l’un de ses meilleurs alliés. Ce Keith Jarrett ressemble fort à un indispensable.

par Denis Desassis // Publié le 12 novembre 2023

[1L’éditeur rappelle que cet ouvrage s’inscrit dans le cadre d’un triptyque éditorial que Ludovic Florin développe sur les trois pianistes majeurs ayant accompagné Miles Davis, et dont il constitue le second volet, après celui consacré à Chick Corea (2021), et avant celui projeté sur Herbie Hancock.