Chronique

Noël Akchoté & Henri Roger

Siderrances

Noël Akchoté (g) ; Henri Roger (p)

Label / Distribution : Musea Parallèle

Une anecdote ou curiosité : ce double disque est né d’échanges sur l’internet, de messages et commentaires laissés sur Facebook pour être plus précis. A la manière dont on prépare les aventures sans lendemain ou bien les mauvais coups, entre autres rencontres clandestines et furtives.

Nul parfum de soufre ici, pourtant ; plutôt l’arôme aux arrières-nez plus capiteux,des choses rares et sauvages. Cet enfant des réseaux sociaux reste toutefois présentable – ça arrive – et aimable, même si d’un accès un peu ardu pour qui n’a jamais exercé ses oreilles à l’improvisation audacieuse, celle qui sait dénicher les trésors cachés jusque dans les plis des dissonances et des bruits blancs.

La liberté, en matière de musique au moins, effraie parfois. Ici, elle s’exhibe.
Du côté de Noël Akchoté, la guitare se fait tour à tour, voire simultanément, rêche et câline, jouant des notes tenues, très métalliques, comme recroquevillées sur la mécanique guitaristique, et d’autres au contraire profondes et développées. Le piano d’Henri Roger, lui, se fait plus lyrique, sans pour autant oublier d’être chercheur, y compris dans des recoins difficiles. Il progresse avec majesté et amplitude, parfois, mais aussi par saccades et fuites en longues ou rapides digressions.

Une fois n’est pas coutume, remercions Mark Zuckerberg d’avoir réuni ces deux musiciens productifs, collaborateurs en série mais qui n’avaient alors – un Speed (Guitar Duets Series) suivra – jamais joué ensemble. Remercions-le pour cette musique hypnotique, anguleuse et fluide telle du sable à gros grains qui s’entrechoquent en s’écoulant dans un sablier perpétuel.