Chronique

Olivier Hutman & Lamine Cissokho

Double Skyline

Olivier Hutman (p), Lamine Cissokho (kora)

Label / Distribution : Cristal Records

Deux univers musicaux se rencontrent : le piano acoustique et la kora d’Afrique de l’ouest. Deux instruments où les cordes ont quelque familiarité, tendues devant une table d’harmonie pour le piano et disposées sur un grand chevalet en bois pour la kora. Entre l’instrument polyphonique à clavier et le jeu des pouces et index des deux mains, ce sont des couleurs chatoyantes qui vont se superposer tout au long de Double Skyline.

Au long de son histoire séculaire, la kora n’avait pas de mécanique permettant le passage d’une tonalité à l’autre : l’instrument était joué d’un bout à l’autre dans une gamme donnée. Des évolutions techniques ont permis notamment d’agrémenter chaque corde d’un demi-ton. Avec l’inventivité de Lamine Cissokho, l’instrument se propage aisément à d’autres cultures depuis de nombreuses années. Ce sont des rencontres variées qui habitent ce musicien né dans une famille de griots de Casamance où les traditions musicales se transmettent depuis le XIVème siècle. Olivier Hutman, pianiste notoire, a enregistré avec les plus grands artistes du jazz mais pas seulement : son intérêt le pousse vers le théâtre et l’audiovisuel. La rencontre entre ces deux hommes abolit toute frontière stylistique et nous plonge dans un voyage imaginaire.

La créativité s’installe d’emblée avec « Numero Uno », joué avec ferveur : c’est avant tout un dialogue avec des traits jazzistiques. Les compositions sont partagées par les deux instrumentistes, cinq pour Lamine Cissokho et quatre pour Olivier Hutman. Personne ne tire la couverture à soi, c’est l’entrain communicatif qui prime. Des airs jubilatoires se succèdent : les contrepoints de « Folon » qui font écho à l’amour de Jean-Jacques Avenel pour la kora ; le rythme insistant de « Five in Blue », la place prépondérante de la kora dans « Contrevent », ou la mélancolie de l’élégant « Capo Verde ». Olivier Hutman intervient seul dans « Sophie Tucker’s Favorite Dream », sa maestria teintée d’un éminent doigté pianistique fait mouche.

L’exploration de nouveaux territoires est synonyme d’originalité dans Double Skyline, une vivacité parcourt des contrées sans cesse renouvelées où les climats invitent à de délicieuses aubades.