Chronique

Ralph Towner

At First Light

Ralph Towner (g)

Label / Distribution : ECM

L’histoire entre Ralph Towner et ECM a démarré en 1973 avec « Diary ». Cinquante années après, le parcours de ce musicien intègre et intransigeant continue avec la sortie de l’intimiste At First Light, disque qui révèle toute la science guitaristique d’un musicien majestueux.

Nulle conclusion ou aboutissement d’une longue carrière artistique avec cet album, mais plutôt une plongée dans un univers où prime la richesse mélodique. Évitant les écueils d’une interprétation rigoureuse à la guitare classique, Ralph Towner sublime les airs qui s’éveillent sous ses doigts ; les successions d’accords et de climats musicaux imbriqués ne nous permettent pas de mesurer quelle est la part d’improvisation et de composition : c’est la signature d’un maestro.

La palette sonore est fournie, chatoyante telle une toile pointilliste de Camille Pissarro. Les compositions personnelles subliment l’empreinte d’un guitariste magistral. « Guitarra Piccante » fait jaillir une souveraineté rythmique qui nous remet en mémoire l’incandescence idyllique de Ralph Towner au sein de son groupe Oregon.

Une analogie se dessine avec des maîtres du luth de la Renaissance tels que Paul O’Dette et l’étonnant Pier Paolo Ciurlia : certaines similitudes d’intonations s’inscrivent parfois dans les pièces musicales avec une élégance particulière.

Comment ne pas être conquis par le développement harmonieux distillé tout au long de la chronologie d’ At First Light ? Ici s’affiche l’extrême maitrise instrumentale de Ralph Towner, fruit d’une faconde intérieure flamboyante.