Je vous l’accorde : ce disque est à chercher aux rayon des variétés
françaises… et pourtant ! Entre Pigalle et Paris Combo, voilà un
type drôle et pétillant, à l’enthousiasme communicatif, qu’il serait
dommage de manquer. J’en dis deux mots ici car la musique est
résolument jazzy et manouche, même si elle hésite parfois entre le
tango et les rythmes orientaux. On note d’ailleurs la présence de
Florin Nicolescu au violon sur une poignée de titres. La moitié des
morceaux sont à 240 à la noire et ont une « pompe » d’enfer… Par ailleurs, Sanseverino fait à deux ou trois reprises une démonstration courte mais impressionnante de scat ultra-rapide et on ne peut plus swing…
Les textes sont pertinents et comiques, mais leur légèreté se marie
parfaitement avec les thèmes abordés, qu’ils soient graves (André,
sur la solitude et l’isolement social ; La mer, sur la pollution et
la déresponsabilisation de l’individu), ou légers (Les
embouteillages - ou comment amuser avec un sujet habituellement source d’exaspération ; Maigrir, sur l’absurdité des stéréotypes sociaux, Mal ô mains sur la vacuité et le brassage de vent).
Sanseverino nous emmène pour un voyage au pays des petites gens, des exploités, des losers et des oubliés du bonheur, mais nous parle
d’eux avec légèreté et humour, en faisant son possible pour grappiller
quelques éclats de lumière sous la chape de plomb du quotidien.
La palme revient au morceau Swing du nul, hilarante histoire d’un
type qui fait tout de travers, soutenue par une redoutable paire de
guitares Dupont à la rythmique et une non moins redoutable section de
cuivres. Rarement entendu aussi pêchu ces derniers temps…