Sons of Kemet

Le quartet phare de cette scène qu’on appelle londonienne présente un nouvel album politique, engagé mais aligné dans la veine stylistique qu’il porte depuis plusieurs années. Le leader saxophoniste Shabaka Hutchings a composé une grande partie des morceaux pendant les évènements agités du mouvement Black Lives Matter et certains en période de confinement.

Cet album porte les stigmates de l’année 2020.
Engagé à plus d’un titre, car le quartet invite plusieurs musicien.ne.s et vocalistes à porter plus clairement les messages qui sont pour la défense de la communauté Noire, contre les relents de colonialisme et pour un syncrétisme des traditions africaines dans les musiques de sa diaspora.
Les titres sont parlants : « Pick Up Your Burning Cross », « To Never Forget The Source », « In Remembrance of Those Fallen » ou simplement « Black » qui clôt l’album.

En termes de musique, le quartet balance toujours cette respiration haletée du tuba soutenue par un roulement incessant des deux batteries. Une cavalcade permanente sur laquelle le soufflant alterne saxophones, flûtes, clarinettes, etc.
La mise en avant du texte, des mots, de la poésie n’enlève rien à l’aspect dansant, au contraire, cela grime ces compositions en chansons, en hymnes.

Parmi les invité.e.s on note la présence de la clarinettiste Angel Bat Dawid et de la déclameuse Moor Mother (Irreversible Entanglements) deux représentantes du label International Anthem de Chicago. Chaque auteur.e s’est approprié la musique pour trouver l’inspiration et signer les textes.
Cet album est certainement le plus accessible du quartet et peut servir de pont à quelques curieux.ses, sans tomber dans la facilité, comme le prouve « Black » la dernière piste, plus aventureuse que le reste, qui clôt l’album sur ce cri : leave us alone !
Ce n’est pas ce qui est prévu concernant ce groupe…