Chronique

Sylvain Luc

Simple Song

Sylvain Luc (g)

Label / Distribution : Spacetime Records

On a beaucoup écrit et lu que Sylvain Luc est un guitariste hors pair et c’est vrai. Pour qui manie la six-cordes, son aisance technique apparaît exceptionnelle. On saisit aussi qu’elle est au service d’un sens aigu de la musique. Car on sait que la technique n’est qu’un outil. Mais, fichtre, quel bel outil est-ce dans les mains de ce guitariste hors du commun ! En témoigne notamment « Indifférence ». La reprise de Django Reinhardt est posée ainsi, on sent que le guitariste basque la développe presque mine de rien, et elle est superbe. Elle est même – allez, osons le mot – mémorable. On l’écoute et la ré-écoute avec des yeux exorbités et la bouche grande ouverte tant on est baba devant ce morceau d’histoire de la guitare. On guette le fingerstyle, les phrases qui se répondent mutuellement, les nuances, les crescendos et decrescendos, les attaques brutes et les évanescences.

Il en va de même avec « Flor de luna » de Carlos Santana. Tout le monde connaît ce tube du rock et quand on voit qu’il figure sur la liste de cet album en solo, on se demande bien comment Sylvain Luc s’en est sorti pour lui donner, à travers les arrangements d’un seul instrument, ce caractère groovy et aérien. C’est là encore quelque chose d’incroyable. C’est à la fois minimaliste, très épuré, complètement dansant, plein des couleurs mi-mexicaines, mi-californiennes propres à Santana et là encore, on écarquille les yeux grands comment ça.

Et tout est ainsi fait. Prenez donc « Waltz for Debbie », « Lili », « Julia » : de Bill Evans à Pierre Perret, tout est génialement mené. L’album se clôt sur « Guardian Angel » qu’on connaît en trio de guitares nerveuses avec John McLaughin, Al di Meola et Paco de Lucia – rappelez-vous donc le mythique Friday Night in San Francisco. Ici, le morceau figure en guise de conclusion et s’il dure seulement 1 minute 32, il nous donne l’envie que cette nuit à San Franscisco se poursuive bien au-delà. Que dire de plus sinon que cet album réalisé sans re-recording vient tout naturellement en écho à Piaia et Ambre, respectivement trente et vingt ans d’âge, des albums solo où figure la même appétence pour la musique libre.