Chronique

Tangora

Colorada

Tangora (voc), Alain Jean-Marie (p), Bibi Louison (p), Eric Vinceno (b), Marc Michel Le Bevillon (b), François Laizeau (dm), Andy Narell (steel-pans), André Villéger/Denis Leloup/Claude Egéa (cuivres), David Mirandon (perc), Eve-Marie Bodet/Guillaume Blanc/Aurélien Guyot/Emmanuelle Lemir (cordes)

Label / Distribution : Fairplay

Le jazz chanté dans la langue de Molière n’est pas fréquent. Saluons Tangora qui honore notre langue comme elle le mérite, au travers de compositions personnelles, de la reprise de standards comme « Dolphin Dance » ou de l’adaptation lointaine, en forme d’hommage à Ella Fitzgerald, de « It Don’t Mean A Thing (If It Ain’t Got That Swing) ».

Sur ce dernier morceau, interprété dans la configuration minimaliste chant-basse-batterie, Tangora nous permet d’apprécier toutes ses
qualités vocales : une voix aérienne, puissante mais sobre, chaleureuse et entraînante, à la diction impeccable tout en étant capable d’un scat léger et chaloupé.

Toutes ces caractéristiques sont bien sûr présentes également tout au long des autres morceaux, comme sur la reprise de la vocalisation de « Moody’s Mood » par Eddie Jefferson, mais dans la plupart des cas
l’oreille est aussi attirée par la richesse des arrangements.

En effet, dans un style que la chanteuse qualifie elle-même de métis jazz, nous sommes conviés à un voyage permanent entre Afrique, Europe et Caraïbes où se mêlent habilement biguine, afro-cubain, samba et afro-jazz.

Pour accompagner Tangora dans ce périple, rien moins que les pointures du jazz caribéen : Alain Jean-Marie, Eric Vinceno, Bibi Louison et Andy Narell, le maître du steel-pan. Outre ces solides compagnons de voyage, une section de cuivres et une section de
cordes enrichissent encore les morceaux pour aboutir à un résultat joyeux qui chassera les nuages de toute sorte, par sa musique comme par ses textes sur l’amour, la liberté, le voyage et la tolérance.

Un disque contrasté et lumineux comme un ciel des Caraïbes après l’averse.