Chronique

Weird Box

Radio Paris

Francesco Bearzatti (ts, cl) Bruno Angelini (cla), Emiliano Turi (dms)

Label / Distribution : Auand

La boîte bizarre, Weird Box autrement dit, de Francesco Bearzatti a tout de la boîte de Pandore ou de la malle aux merveilles, avec ce qu’il faut de double fond. Le saxophoniste italien, toujours créatif et prêt à s’amuser avec tous les codes (on se souvient notamment de son Monk’n’Roll qui a bientôt dix ans…) a créé il y a quelque temps un trio qui sur le papier semblait marier la carpe et le lapin : Bruno Angelini, pianiste cinématographique habitué aux échanges avec des musiciens comme Eric Plandé ou Régis Huby, et Emiliano Turi, batteur polymorphe qui a contribué à l’essor de l’actuelle direction prise par Jeanne Added. Mais il faut faire confiance aux créateurs, et ce que nous avions noté dans un coin de calepin lors d’une recension de concert à Nancy par Denis Desassis nous parvient aujourd’hui avec Radio Paris : l’énergie folle de « Prince of Crime », où la batterie de Turi porte un groove repris par la ligne de basse tordue d’Angelini en témoigne, et fait songer de loin en loin à certains partis pris de Bill Laswell.

Radio Paris n’est pas une simple visite de la musique électronique, pas davantage qu’un quartier-libre où il convient d’appuyer sur tous les boutons. D’abord parce que Bearzatti sait très bien où il va. Il alterne savamment les plages où domine une Drum & Bass sophistiquée (le justement bien nommé « Jungle 79 ») et les instants plus légers, plus ouverts, à l’instar du doux « Axis », où Angelini et Bearzatti rappellent qu’ils entretiennent une complicité de longue date. Ils avouent, par ce morceau plus apaisé, l’influence de l’AlasNoAxis de Jim Black, très référentielle dans ce trio. Emiliano Turi, lui, s’adapte à tous les terrains, manifestement ravi de la précision rythmique que commande l’exercice.

Énergique, pimpante même par instants dans ce « Jungle 79 », sommet de cet album très ouvert, cette musique montre une facette nouvelle de Bearzatti. Il ne s’agit en aucun cas d’un exercice de style ou d’une lubie passagère. Il y a quelque chose de durable, une synergie qui s’installe entre les musiciens. Clairement, la musique électronique a bercé les premières années de ces musiciens et continue à les habiter. Une fois n’est pas coutume, Radio Paris ne ment pas.