Chronique

Will Bernard

Pond Life

Will Bernard (g), Chris Lightcap (b), Ches Smith (dm), Tim Berne (as), John Medeski (p, Hammond B3)

Label / Distribution : Dreck to Disk Records

Will Bernard est un guitariste américain né en 1959 en Californie. Peu connu en France, il est pourtant à la tête d’une discographie conséquente puisque Pond Life est son onzième album en leader (son premier enregistrement, Medicine Hat, date d’il y a plus de vingt ans). Il a également participé à de très nombreux enregistrements en tant que sideman (dont le tout premier en 1989 avec Don Cherry pour l’album Multikulti).

Sur Pond Life, il est accompagné par le contrebassiste Chris Lightcap et le batteur Ches Smith. Deux musiciens tout terrain, « aussi à l’aise partout que partout » qui constituent la clé de voûte du projet. C’est sur leur entente et leur folle plasticité rythmique que chacun des solistes peut s’appuyer. L’organiste John Medeski et le saxophoniste Tim Berne prennent part au projet sur plusieurs titres.
Les compositions, toutes de la plume du guitariste, sont courtes (pas plus de cinq minutes) et pourraient s’entendre comme des chansons sans paroles (Il est d’ailleurs écrit sur la pochette « All songs written by Will Bernard »). Will Bernard fait montre tout au long de l’album de la palette étendue de son jeu de guitare. Il ne tire jamais la couverture à lui et laisse, au contraire, beaucoup d’espace aux autres musiciens pour s’exprimer, s’affirmant comme un leader exemplaire.

Les quatre morceaux en trio sont plutôt anecdotiques. Ceux en quartet avec John Medeski mettent en évidence la complémentarité entre l’orgue élastique de Medeski et la guitare irisée du leader, un peu comme on peut l’entendre dans les productions de Zorn où apparaît le claviériste new-yorkais. Finalement, les morceaux les plus intéressants sont ceux où figure le saxophoniste Tim Berne. Sur « Pond Life », le guitariste et le saxophoniste à l’unisson exposent un thème enlevé avant que chacun ne se disperse dans des soli acérés. « Four Is More » se développe autour d’un riff tendu que chaque musicien vient percuter de ses propres aspirations improvisatrices. Sur « Still Drinkin », Tim Berne nous gratifie d’un solo certes court, mais sauvage et sensible comme il en a le secret. « That Day », avec ses faux airs du « Lonely Woman » d’Ornette Coleman, nous fait définitivement dire que ce quintet a sans doute un avenir. On l’espère en tout cas.

par Julien Aunos // Publié le 24 juillet 2022
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