Scènes

Winterjazz au Stadtgarten

Le festival de Cologne s’est tenu en streaming, mais on a assisté aux tournages.


La ville de Cologne (Köln) et le Land Rhénanie du Nord-Wesphalie (NRW) sont les tutelles à la fois de la scène du Stadtgarten - un lieu de concerts au milieu d’un jardin comme son nom l’indique - et du programme de développement d’artistes NICA, qui aide à la diffusion et à la professionnalisation de musicien.ne.s du Land. Chaque année, le festival Winterjazz Köln est l’occasion de présenter des groupes de la région et des groupes formés par des artistes NICA. Cette année, quelques jours avant l’ouverture du festival, on apprenait qu’il serait fermé au public et que les concerts seraient filmés et diffusés par la suite. Fort heureusement, vacciné.e.s et invité.e.s par Stadtgarten et NICA, quelques professionnel.le.s européen.ne.s étaient autorisé.e.s à assister à ces concerts. Nous y étions.

Le Stadtgarten est un lieu hybride, dans le parc éponyme de Cologne, qui se situe au nord-ouest de la ville, juste en bordure du quartier belge, un quartier plutôt arty et nocturne.
Stadtgarten se définit à raison comme « Centre européen pour le Jazz et les musiques actuelles ». L’ensemble comprend un bar et restaurant de plain-pied, une salle de concert en gradins, des espaces « lounge » et une grande terrasse. Au sous-sol, un autre espace de concert, le Jaki : petite scène au sol, bar en îlot, ambiance club. Enfin, les espaces extérieurs sont en grande partie occupés par un Biergarten, sans quoi nous ne serions pas en Allemagne. Et même en janvier, lorsqu’une neige fondue vous raccompagne le soir à l’hôtel, le Biergarten est ouvert, car pourquoi pas, c’est le Winterjazz !

Heidi Bayer au Winterjazz 2022

Le festival a d’ailleurs été bousculé par la fermeture au public et la décision de filmer 20 minutes de chaque concert pour les présenter en vidéo. On retrouve les sélections sur le site du Stadtgarten.
Quelques groupes et artistes prévus n’ont pas pu venir jouer ; il restait quand même une sélection de 18 groupes ou artistes en solo.
Parmi ces artistes, 9 sont intégrés au programme NICA.
Le programme NICA Artist Development a été mis en place en 2019 par la synergie du service culturel du land NRW, de la municipalité de Köln et comme structure support, Stadtgarten. Il s’agit d’un dispositif grâce auquel des artistes de jazz de Cologne sont choisis, soutenus, accompagnés dans leur démarche de professionnalisation. Pendant trois ans, le soutien financier de NICA leur permet de se concentrer sur la musique et leur projets. Le dispositif comprend également des masterclasses, des concerts et des résidences.
Les artistes NICA qui participent à ce Winterjazz Festival 2022 sont la trompettiste Heidi Bayer, le batteur Leif Berger, la violoncelliste Elisabeth Coudoux, le trompettiste Pablo Giw, le pianiste Pablo Held, la chanteuse Tamara Lukasheva, la vocaliste Laura Totenhagen, le tromboniste Janning Trumann et le pianiste Philip Zoubek. Un panel équilibré et contrasté.
Le festival Winterjazz est une programmation conjointe de Kornelia Vossebein (chargée de projet de Stadtgarten), la contrebassiste Ulla Oster et la saxophoniste Angelika Niescier, les concerts étant présentés par ces deux dernières.

Elisabeth Coudoux en solo au Winterjazz 2022

Aussi, à raison d’une captation par heure, en alternant la salle de concert et le club Jaki, nous avons entendu un large éventail de styles et d’esthétiques différentes, avec des productions plus ou moins heureuses. L’exercice n’est pas facile que de se produire face à une caméra, dans un temps donné, pour ces artistes habitué.e.s à l’interaction avec le public. Et le choix des deux ou trois morceaux à jouer est primordial car tout se joue en quelques minutes.
Bien sûr, certains noms sont déjà répertoriés par Citizen Jazz. On a déjà parlé du saxophoniste Philipp Gropper qui jouait ici en quartet avec Elias Stemeseder aux claviers, Elisabeth Coudoux au violoncelle et le batteur Leif Berger, pour le coup une découverte convaincante. Philipp Gropper a également présenté le groupe TAU5, avec le batteur Moritz Baumgärtner, Ludwig Wandinger aux machines, le claviériste Philip Zoubek et, à la place de Petter Eldh qui figure sur le disque, le bassiste Felix Henkelhausen. Un grand moment.
Parmi les confirmations, on peut citer la trompettiste Heidi Bayer (qui était accompagnée par le batteur Oliver Steidle) dont la musique pour quintet est sûrement trop encombrante et qui mériterait un contexte bien plus aérien pour se laisser emporter. Le tromboniste Janning Trumann lui aussi est vraiment prometteur, avec Lucas Leidinger au piano qui apporte un brin de folie à une musique très écrite. La proposition la plus surprenante et étrange même, vient du duo Pablo Giw et Kelvin Kilonzo, une trompette et un danseur. Tous les deux en symbiose pour une chorégraphie musicale très suspendue avec des moments d’immobilisme critique. Mais qui ne laisse pas indifférent. Plus tard, toujours au club Jaki, c’est le saxophoniste et flûtiste Frank Gratkowski et son groupe The Resonators qui a soufflé la tempête avec vingt minutes de musique compacte et roborative.

En attendant le prochain vrai festival Winterjazz, il est maintenant possible de se faire une idée de cette scène allemande dynamique en visionnant les concerts en vidéo sur cette page : stadtgarten.de/media

par Matthieu Jouan // Publié le 16 janvier 2022
P.-S. :

N.B. : Elisabeth Coudoux et Philip Zoubek sont également membres du collectif de musicien.ne.s Impakt de Cologne. impakt-koeln.de/