Chronique

WorldService Project

Fire In a Pet Shop

Dave Morecroft (comp,synth), Tim Owers (saxes), Raphael Clarkson (tb), Conor Chaplin (b), Liam Waugh (dm)

Label / Distribution : Megasound MSM025

Aucun risque de s’ennuyer avec Fire In a Pet Shop, deuxième album du WorldService Project. L’objectif résolument impertinent de ces cinq jeunes Anglais prometteurs est de mettre le feu chez vos animaux de compagnie musicaux, vieux disques empoussiérés de jazz conventionnel, stockés dans vos placards. Si vous avez envie d’être étonné, d’éclater de rire, de vous croire revenu dans le Pacman de vos dix ans, la ménagerie de Worldservice Project fera partie de vos coups de cœur de la rentrée.

Leur promo donne le ton : « Imaginez une bagarre entre Franck Zappa, Loose Tubes, Stravinsky et Meshuggah…dans l’univers des Monty Python !!! » Sorti en juillet deux ans après un Relentless beaucoup plus sage, Fire In a Pet Shop est un charivari bourré d’humour ; tous les titres sont composés par le pianiste Dave Morecroft, qui ne s’est pas gêné pour triturer joyeusement les sons, rythmes et accords, de manière à promener l’auditeur comme une balle dans un flipper.

Dès le premier titre, « De Frienders », les coups de basses à la Rammstein donnés par Conor Chaplin cohabitent avec de la polka. Plus loin, le titre « Fire In a Pet Shop » me déclenche une salve de hoquets tandis que les cris d’animaux des sales gosses (en l’occurrence Tim Ower au sax et Raphael Clarkson au trombone), fusent sur le rythme rockabilly du batteur Liam Waugh. C’est du grand délire, mais réalisé avec un niveau de technique instrumentale d’une précision redoutable.

Comme son nom l’indique, cette « Barmy Army » donne l’impression d’avoir affaire à de la folie furieuse ; pourtant, l’écriture de Morecroft s’inspire des grands maîtres de la musique contemporaine. Pour exemple, ces superpositions rythmiques où les instruments, se rajoutant les uns derrière les autres, se laissent aller à une libre cohue savamment organisée.

Et puis quelle importance, les influences, la paternité dont ces énergumènes sont issus ? La musique de WSP est avant tout kinesthésique : elle fait hausser les sourcils, elle hérisse les poils, elle vous secoue les zygomatiques ; parfois elle vous effraie, mais comme au bout du compte les petites pensionnaires de cette animalerie en feu en sortent indemnes, vous en redemandez !