Chronique

Paul Bley

Nothing to Declare

Paul Bley (p)

Label / Distribution : Justin Time Records

Ce nouvel opus de Paul Bley relève d’une grande maîtrise de l’art du solo et se révèle passionnant à plusieurs égards.
Quatre mouvements. Le premier « Nothing to Declare » développe une ballade lumineuse, où on retrouve certains accents du thème « All the Things You Are » ; une attention particulière est ici accordée aux silences, à leur charge émotionnelle autant qu’à leur faculté de ciseler la matière sonore. La deuxième séquence « Break Down », la plus saisissante, laisse fleurir quelques dissonances ; les mélodies, souvent aimantées vers les tessitures graves et leurs développements, apparaissent aussi inattendus que d’une évidence bouleversante. « Blue Waltz » et « 8th Avenue », où résonne à certains moments « Black and Blue », rendent un peu plus manifeste le fait que le blues innerve entièrement la musique de Paul Bley ; tout se passe comme s’il le sublimait, pour ainsi dire ; malgré (ou à cause de ?) ces passerelles multiples et transversales que le pianiste canadien sait si bien emprunter, la pulsion blues est plus que jamais présente. La maturité implique-t-elle un retour aux sources ?

De toute évidence, cet enregistrement offre dans leur quintessence les constantes de la musique de Paul Bley : un discours limpide, un lyrisme épuré qui ne permet aucune complaisance, une dynamique dans les ouvertures harmoniques toujours à propos, l’attention à la phrase juste, à l’émotion contenue ; et puis, ce génie qui consiste à nous transmettre la beauté d’un chant, profond, parce que retenu et offert tout à la fois.