Scènes

Olivier Calmel Quintet au Sunside

Vendredi 11 avril 2008. La petite salle du Sunside est comble ; c’est à se demander s’il va rester de la place pour les musiciens…


Vendredi 11 avril 2008, la petite salle du Sunside est comble ; c’est à se demander s’il va rester de la place pour les musiciens. A 21h30 le quintet se fraie un chemin vers la scène et, après l’habituelle introduction désinvolte du maître des lieux, le concert peut enfin commencer…

Olivier Calmel, Bruno Schorp et Karl Jannuska pourraient être frères : allures longilignes, lunettes discrètes, élégance classique, et l’air sérieux des premiers de classe. Eymard et Panzani ne sont pas deux amuseurs, comme pourrait le suggérer leur nom, mais le saxophoniste et le violoniste alto du quintet. Inutile de présenter plus avant les cinq artistes : ils sont déjà familiers des lecteurs de Citizen Jazz.

Le premier set est consacré aux morceaux d’Empreintes et le deuxième à de nouvelles compostions. Le concert commence par « Alter Ego », et l’introduction de Calmel résume assez bien son style : toucher ferme, influences classiques, sens du groove et tension maîtrisée. A cela s’ajoute une direction claire et précise du groupe, ainsi qu’un indéniable talent de compositeur. Les cinq compères se connaissent bien, ce qui leur permet de se livrer à des jeux de questions–réponses, des contre-chants et des dialogues pleins de piment.

Original dans le jazz, le violon alto vient étoffer la palette sonore de sa sonorité chaude et de son potentiel mélodique. Eymard tire également son épingle du jeu grâce à un swing bien établi et des nuances opportunes (par exemple lorsqu’il « orientalise », ou imite la sirène des pompiers).

Bassiste robuste, Schorp est un musicien particulièrement attentif aux autres. Son son grave, plein et profond convient à merveille à la musique du quintet, qui emprunte souvent une tangente funky.

A l’instar de Schorp, Jannuska ne perd pas une note de ses acolytes et confirme chaque jour davantage son statut de « plus grand batteur canadien de Paris ». Musical à plaisir, discret ou puissant, il ne laisse jamais de répit aux solistes : il les pousse à hue et à dia vers le paroxysme.

Si le concert est une réussite c’est bien sûr parce que tous ont mis la main à la pâte, oui mais Panzani semble particulièrement en forme ce soir-là. Aussi à l’aise au soprano qu’au ténor, il reste dansant même dans les passages les plus débridés. Ses solos sont toujours limpides, si bien que les auditeurs peuvent le suivre dans ses promenades.

Invité sur quelques morceaux, Sébastien Llado alterne trombone et conques. Très en phase avec les rythmes funky du quintet, il prend des solos dynamiques et montre une bonne dose d’humour, notamment dans ses duos avec le ténor ou l’alto. Les interventions aux conques - entre sifflet et chant - sont amusantes.

La musique de Calmel se situe dans le courant principal du jazz, mais sa personnalité faite de mélodies et de sons originaux la rend attachante pour tous les auditeurs « de sept à soixante-dix sept ans »…