Chronique

Christian Escoudé

Vingt ans de Trio Gitan

Label / Distribution : Harmonia Mundi

Un beau coffret de trois CD, pourvu de belles photos, qui s’imposait pour célébrer ces vingt années de rétrospective guitaristique.

Le premier - en live à Marciac - avec un Boulou Ferré électrique survolté
et génial et une composition magnifique (« Chez Boucharingue »), Christian
Escoudé en leader maestro (« Mosaïque ») et - malheureusement - un Babik
Reinhardt
un peu loin dans le mix et la réverb… Quoi qu’il en soit, un très beau moment de guitare live.

Swing Bohémien (2000) est cette fois enregistré en studio avec, à la
place de Boulou, Sir Dorado Schmitt à la guitare et aux compositions (« La source de la vie », « Dorado Swing ») mais aussi au violon (« Milou en mai »).
Du beau son de ces trois guitares électriques et du jeu de nos trois compères complices se dégage beaucoup de tendresse. Un disque de jazz où l’on prend son solo chacun son tour avec charme et musicalité : la classe ! Nous avons là un
joli medley de Django, des compositions de Christian Ecoudé toujours intéressantes (« Swing Bohémien », « Dialectiques ») où l’homme sait de quoi il parle et expose sa force de caractère, ses idées et sa dextérité. Dorado, charmeur bien sûr, sait aussi mettre le feu (« Swing Bohémien ») et Babik - reconnaissable entre tous par ce son incroyablement chargé d’émotion (« Nadine ») achève de constituer un disque qui réchauffe le coeur.

Le Nouveau Trio Gitan révèle la suite logique du trio de Monsieur Ecoudé avec David Reinhardt (fils de Babik) et Jean-Baptiste Laya, guitariste au talent indéniable. Un disque très abouti et innovant dans les arrangements, comme toujours avec el maestro, mais aussi dans le son ;
un morceau de Gismonti (« Loro ») offre dès le départ de bonnes perspectives, et nous ne sommes point pas déçus par le choix du répertoire qui suit, intelligemment choisi : du traditionnel « Gagoug » de Django, joué par Matelot Ferré sur un disque - que vous connaissez, n’est-ce pas ? - au jazzy (« It Might As Well Be Spring », « Reflexion » de Monk ou le joyeux « Young at Heart ») en passant par Piazzola, (« Adios Noninos ») ou Jobim, plus une belle composition (« Le dancing de la plage ») mais aussi une valse - et pas des moindres : « La Folle ».

Au service de la musique, David Reinhardt est parfaitement à sa place ici. Ça jazze vraiment (« Le dancing de la plage ») - et avec une « pompe » à la parisienne comme on les aime (« Young at Heart ») ; par ailleurs, Jean-Baptiste Laya, guitariste respectueux et très musical aux belles envolées en solo est une jolie surprise.

Escoudé, le patron, est au sommet. Nulle fioriture, il va à l’essentiel : la musique, rien que la musique : le présent et les sentiments. Décidément, la même fougue anime toujours l’homme en quête de vérité.

Merci Monsieur.