Chronique

[DVD] Divers artistes

Jazz On A Summer’s Day

Jimmy Giuffre 3, Thelonius Monk Trio, Sonny Stitt & Sal Salvador, Anita O’Day, The George Shearing Quintet, Dinah Washington, Gerry Mulligan, Big Maybelle, Chuck Berry, The Chico Hamilton Quintet, Louis Armstrong, Mahalia Jackson.

Label / Distribution : Charly Films

Voilà une heureuse découverte. Un petit bonheur de film débordant de personnalité. Bert Stern, photographe américain renommé, décide au hasard de rencontres de filmer l’édition 1958 du festival de jazz de Newport. Son conseiller musical sera le célèbre producteur George Avakian. Il songe au départ à incorporer un scénario basé sur une histoire d’amour. Mais il comprend vite après quelques essais que c’est un métier qu’il ne connaît pas. Il va alors, avec trois caméras, filmer les musiciens et le public de l’édition 1958.

On pourrait presque dire que le public est au centre de l’œuvre. Stern ne connaît pas le jazz ou du moins le confine à l’atmosphère noir et blanc des nuits en club. Ici une grande partie du spectacle a lieu l’après-midi en plein air. Il a donc l’idée géniale de faire participer le public, imposant sa conception au monteur Avram Avakian, frère de George. C’est en cela que ce documentaire est proprement jubilatoire. Voir le public rire aux blagues bon enfant de Louis Armstrong, vibrer au groove de Sonny Stitt ou de Gerry Mulligan, danser au rythme des riffs de Chuck Berry, en plans rapprochés est quelque chose que l’on voit rarement filmé comme cela.

Les musiciens sont aussi bien présents, rassurez-vous. On commence par « Train And The River » interprété par le Jimmy Giuffre 3. On ne voit pratiquement pas Jim Hall, mais on l’entend bien. Giuffre semble prendre un pied intense aux côtés de Bob Brookmeyer. Le tout filmé en plan rapproché avec très peu de profondeur de champ. Thelonius Monk est malheureusement celui auquel est réservé le plus mauvais traitement, jusqu’à recouvrir son « Blue Monk » par l’annonce d’un speaker des éliminatoires de l’America’s Cup. On pourra encore citer Anita O’Day, superbe, princière, conquérante. Ou Chico Hamilton en quintette, sans oublier notamment Dinah Washington, Louis Armstrong ou Mahalia Jackson.

Ce documentaire est une sorte d’étoile filante dans le monde de la filmographie du jazz, tourné au cours de la 5° édition d’un festival qui allait bientôt connaître la contestation des musiciens. Un DVD à ne rater sous aucun prétexte.