Chronique

Francesco Balilla Pratella

Manifeste des Musiciens futuristes

Label / Distribution : Lenka Lente

Compositeur, musicologue et ethnographe italien, Francesco Balilla Pratella (1880 - 1955) rédigea en 1911 ce Manifeste, dans lequel il explique les « principes violents et absolus » d’une musique futuriste, qui inspirera L’Art des bruits à son camarade Luigi Russolo. Ce dernier, plus connu que Pratella comme membre du mouvement futuriste italien, fut à la fois, sinon en même temps, peintre et compositeur.

Les 28 pages de ce Manifeste sont de lecture aisée, mais il reste difficile de se faire une idée exacte des enjeux qui sous-tendent la pensée de Pratella. Rien n’indique qu’il souhaite en quoi que ce soit l’arrivée du « bruitisme » que Russolo défendra dans les années qui suivirent la publication de cet opuscule (28 pages). Par contre, on y trouve manifestement (!) une sorte de « défense et illustration » de l’idée d’opéra « total » sur le modèle wagnérien, où le compositeur est lui-même auteur de son livret.

Pourfendeur de Puccini et Giordano, dont il dénonce l’art « en carton-pâte », mais paradoxal défenseur de Mascagni, Pratella s’en prend à l’enseignement de la musique en Italie à cette époque, et exalte (de façon parfois un peu confuse) l’idée d’une création musicale enharmonique, libérée des codes dominants qui s’articulent sur l’apprentissage de l’harmonie et du contrepoint. L’intérêt de ce livre est d’ouvrir - si l’on veut s’y intéresser - sur une période passionnante de l’histoire des arts en Italie dans la période pré-fasciste.

par Philippe Méziat // Publié le 19 janvier 2015
P.-S. :

Editions Lenka Lente, 5 euros