Chronique

Gérard Poncin Trio

Au Théâtre de la Mer (DVD)

Gérard Poncin (p), David Bouad (b), Vincent Calmettes (dr)

Confiné entre une mer d’huile et un public conquis, au détour d’une fin d’après-midi de l’été 2007 au festival « Jazz à Sète », le pianiste Gérard Poncin nous offre un régal de concert en plein air, fidèlement entouré de ces partenaires dévoués que sont David Bouad à la basse électrique et Vincent Calmettes à la batterie.

Poncin étant soucieux d’apporter quelque chose à la formule classique du trio, c’est - étrangement - sur des polyrythmies kalimba que le concert commence. Cette improvisation collective se nourrissant d’une simple matière sonore débouche sur un composition en hommage au lieu magique où se déroule le concert. La maîtrise technique est présente dès les premières mesures, au service de la plus généreuse des musicalités. C’est par la suite, au cours d’une deuxième composition originale intitulée « Panga », que la vigueur du swing reprend ses droits comme une évidence, avec une intro évoquant la Nouvelle-Orléans, les origines…

Une habile interaction entre les musiciens cohabite avec une sereine homogénéité du son général. Et ce remarquable défi de la perfection n’est possible qu’entre les mains de fins improvisateurs. Aussi, au détour d’une troisième création de Poncin se révèle, dans l’art de la ballade, une sensualité sans limite (« Princesse »). Vient ensuite une succession de célèbres thèmes revisités comme « La belle vie » de Sacha Distel ou encore l’immortel standard « You Don’t Know What Love Is », sous une forme nouvelle, étirée par la ré-harmonisation. A ces tentatives de transformation des traditions s’ajoutent, tout au long de ce magnifique récital, d’étonnantes innovations allant de l’utilisation de percussions variées (congas, ocean drum, bâton de pluie…), jusqu’au doublement de certaines mélodies à la voix, comme si les musiciens vouoaient en extraire la pureté. C’est d’ailleurs en usant de cette voix au timbre cristallin que le talentueux Bouad offre au public un sourire permanent et touchant. Tout cela sans oublier l’intransigeance de Calmettes, en constante recherche de précision rythmique.

La fin du concert approchant, le trio salue la lumière du jour déclinant par la formidable composition de Jean-Pierre Como intitulée « Nuit étoilée ». On sent une passion dévorante pour la musique, une efficacité faite de simplicité. Des termes qui résument bien la grande qualité de ce trio.