C’est quelque part entre la scène rock progressif et jazz non conventionnel que se situe le WorldService Project. D’ailleurs, on ne sera pas étonné que le groupe ait fondé, avec Alfie Ryner, le festival européen itinérant « Match & Fuse ». L’esthétique s’avère très tonique, voire brutale – ce que confirment d’ailleurs leurs prestations scéniques.
Si les arrangements sont faits par l’ensemble du groupe, toutes les compositions – et il n’y a que ça – sont signées Dave Morecroft. Le format n’est pas habituel dans l’univers jazzistique puisqu’on ne trouve pas de grandes plages où des solistes s’expriment. Les chorus, à l’exception de celui mené au sax par Tim Ower sur « Chamonix », sont très brefs à l’image de ceux qu’on entend sur « Son Of Haugesund » ou encore « Go Down Ho’Ses ». Tout, d’un bout à l’autre de ce For King and Country, est écrit et il n’y a guère de place laissée à l’improvisation. Mais la caractéristique essentielle de cet album est un univers de colère et de hargne. Pas de douces mélopées, encore moins de romantisme. Pas d’humour non plus. La touche y est sombre et apocalyptique. Le propos est à la fois grave et grandiloquent. L’album, loin d’être mielleux, ravira les adeptes d’une esthétique audacieuse et intrépide.