Chronique

Grand Ensemble Koa

Ahimsa

Label / Distribution : Autoproduction

Sur la scène montpelliéraine, le collectif de musiciens Koa est une institution, membre de Jazz en L’R, regroupement de différents acteurs de la scène jazz et musiques improvisées du Languedoc-Roussillon, ainsi que de Réseau en scène, une association qui œuvre pour le développement du spectacle vivant dans cette région. C’est ce même collectif qui organise le festival Koa qu’il associe à l’intitulé, ô combien programmatique, « rencontres ».

Acteur important de la vie jazzistique montpelliéraine donc, le Grand Ensemble Koa sort son second album Ahimsa. Le projet date de 2012, soit quatre ans avant que le disque ne soit publié et l’année de la sortie du premier album, Koa-Roi. Un hiatus qui peut sembler long. Mais on peut présumer que neuf musiciens c’est une machine relativement lourde. En outre, Alfred Vilayleck, leader et compositeur de ce big band, est également à la tête de Puja, sans compter qu’il est bassiste dans le quartet Melquiades, Gratitude trio et Peemaï, une formation qui mêle musiques traditionnelles de l’Asie du Sud-Est, jazz et rock.

Big Band donc. Pourtant l’album commence avec un solo mené au piano par Daniel Moreau. Le morceau dure, certes, moins d’une minute mais c’est tout de même surprenant. Il s’agit très certainement d’une introduction mais le format en solo étonne. Pied-de-nez ? A priori non car l’humour ne semble pas être le registre du groupe. Mise en bouche ? Peut-être, mais quel intérêt ? D’autant plus que le morceau est très court. En tout cas, dès la seconde piste, « Over the Top », la machine se met en branle, puissante, pour un peu plus de dix minutes durant lesquelles on a tout loisir d’entrer dans un univers au groove implacable, « incantatoire » dit le dossier de presse. Et tout y est, une basse impeccable, une section de souffleurs – sans trompette – qui relance, des motifs que l’orchestre décline et bien entendu des chorus. Si la structure ne surprend pas, elle est efficace. Quant à la patte, elle est du côté du jazz rock et de la fusion. On le perçoit aisément avec le chorus de Daniel Moreau sur « Le pardon infini 2 » et, de manière peut-être encore plus explicite, lorsque le jeu de guitare électrique de Matia Levrero est mis en avant. C’est notamment le cas sur « Evif rof noom », un morceau conduit avec force. D’ailleurs, la rythmique est si intense que lorsque Pascal Bouvier conclut seul au trombone ce morceau, on se surprend à dandiner de la tête.

« Ahimsâ », qui a donné son nom à l’album, renvoie à la non-violence dans les religions de l’Inde et le groupe indique avoir été largement influencé par ce concept qu’il décline en autant de « pardon », « bonté »… C’est loin d’être évident pour un auditeur non initié. En revanche, en cinquante minutes et de manière très efficace, l’album dépeint une belle fresque musicale.

par Gilles Gaujarengues // Publié le 25 septembre 2016
P.-S. :

Alfred Vilayleck (dir., b), Matthieu Chédeville (ss), Armel Courrée (as), Jérôme Dufour (ts), Pascal Bouvier (tb), Matia Levréro (g), Samuel Mastorakis (vib), Daniel Moreau (clav), Julien Grégoire (d)