Scènes

Pulcinella, dix-huit ans d’âge

Retour sur le concert de Pulcinella à la médiathèque José Cabanis de Toulouse.


Pulcinella © Pierre Vignacq

Il y eut à Toulouse dès le milieu des années 2000 un phénomène « Pulcinella ». Nombre de mélomanes ont découvert ce quartet d’enfer à la musique bariolée et foutraque et la scène en a été marquée. Ils sont nombreux aussi à avoir suivi ce groupe de concerts en concerts et d’un album à l’autre. C’est à cette histoire que le concert à la médiathèque Cabanis était consacrée. Salle comble à l’image de l’engouement que suscite cette formation.

Florian Demonsant et Ferdinand Doumerc - Capbreton 2018 © Pierre Vignacq

Plein hiver ou quasi dans le ciel toulousain, un centre ville encombré par les emplettes de Noël et, dans un bon nombre de bars, des télés allumées pour la petite finale de la coupe du monde de football entre le Maroc et la Croatie. Tout allait donc bien pour le mélomane qui avait eu vent du concert de Pulcinella dans l’auditorium de la médiathèque José Cabanis. Il allait être peinard.

Sauf que, à l’instar de cette même coupe du monde de foot, les places étaient parties en à peine quelques minutes. Certes, la salle n’est pas des plus immenses et le concert gratuit, mais tout de même. On pensait que la concurrence des « grands » événements allait couper court aux velléités culturelles des Toulousains : manqué ! Reste que voir à l’entrée de la salle une affiche « complet » faisait tout de même chaud au cœur.

Le concert tenait lieu de rétrospective et revenait sur la longue histoire de ce quartet pas comme les autres. La formation était celle qui constitue le noyau dur du groupe : les saxophones de Ferdinand Doumerc, l’accordéon de Florian Demonsant, la contrebasse de Jean-Marc Serpin et la batterie de Pierre Pollet. Noyau dur car le groupe a monté des projets alternatifs à cette formule. Que ce soit avec Hervé Suhubiette sur un projet autour de chansons de Claude Nougaro, avec le trio Dzsindzsa, le mandoliniste Patrick Vaillant, le tromboniste Daniel Casimir, le trio de chanteuses et percussionnistes colombiennes la Perla, Maria Mazzotta, ils sont nombreux à avoir travaillé avec Pulchi (comme disent les aficionados).

Jean-Marc Serpin - Capbreton 2018 © Pierre Vignacq

Tout a commencé sur les chapeaux de roues avec « Gargamel », un morceau d’abord publié sur Panther’s Play puis repris sur L’empereur et s’est poursuivi avec « Rev’là Raymond ». Sur les chapeaux de roues, donc, et on a retrouvé la verve débridée et les cabrioles du groupe phare de la scène toulousaine.

Quant à la suite, à peine a-t-on vu Ferdinand Doumerc s’emparer du baryton et Pierre Pollet attraper une longue chaîne qu’on a deviné que ce serait « L’empereur », morceaux emblématique s’il en est puisqu’il marque le remplacement derrière les fûts de Frédéric Cavallin par Pollet. Une fois encore, les retrouvailles ont été l’occasion de raviver et revivre d’excellents moments. La musique qui marche au pas tournée en dérision ou le récit d’un empereur bonhomme ? Allez savoir… En tout cas on pouvait savourer la capacité du groupe à raconter des bizarreries en tout genre.

Pierre Pollet et Jean-Marc Serpin - Capbreton 2018 © Pierre Vignacq

Le reste était dans cette même veine avec notamment « Sale gosse », un vieux morceau qui finit en hurlements, publié en 2006 sur Clou d’estrade le premier album de Pulcinella. Retrouvailles cette fois encore. Et en écho à ce titre, la crise qu’une petite fille faisait au premier rang dans les bras de son père qui s’échinait, bien embêté par ailleurs, à ménager les demandes de l’enfant impossibles à satisfaire à ce moment-là ! C’est à l’image du groupe qui inscrit malicieusement ses compositions dans la vie de tous les jours et de tous les gens.

Il y eut bien entendu un rappel, en l’occurrence « Rattrapé au vol », un morceau plus récent, issu du projet bal qui pouvait donner à penser, à celui qui aime faire des liens, que l’esprit de Gotainer n’était pas bien loin.

Une heure et demi après, on sortait de la salle, papotant avec les uns et les autres en se disant que ces musiciens-là s’amusent réellement sans forcer quoi que ce soit. Et nous avec.