Avec Sympathetic Magic, le guitariste norvégien Kim Myhr nous plonge dans les ambiances de fin de grosses soirées où, un peu bourré, un peu défoncé, on s’empare d’un instrument qui traine et quand on relève le nez, on réalise, médusé, que deux heures ont passé et que les trois quart des invités ont disparu.
Ici, rien n’est dû au hasard. L’album a été enregistré en re-recording en 4 séances dans 4 endroits différents. Il a été monté. De facto il appartient désormais plus au domaine de la composition qu’à celui de l’improvisation. Ce que l’on excuse d’errance, de longueur, de recherche, de trop-plein à un concert de musique improvisée, on le pardonne moins à une œuvre soulagée de la contrainte de l’instant présent. Si l’on dit souvent que l’improvisateur est un compositeur de l’instant, le compositeur est un improvisateur avec une gomme. Kim Myhr n’aime pas la gomme. Lors d’un entretien avec Anne Yven dans nos colonnes le 1er décembre 2019, le guitariste déclarait : « J’aimerais rejeter l’idée qu’il y ait un seul point focal, ou une hiérarchie dans les différents sons. C’est l’enjeu : éviter qu’il y ait un élément central dans une musique que j’espère aussi riche que possible ».
C’est sans doute en refusant d’imposer une direction claire dans l’écoute de sa musique qu’il m’a laissée sur le bord du chemin. Nul doute que d’autres y trouveront le leur.