Chronique

7/7

Houben & Son

Steve Houben (as, fl, voc), Greg Houben (tp, voc), Pascal Mohy (p), Cédric Raymond (b), James Williams (dms)

Label / Distribution : Igloo

Il est des collaborations qui ne vont pas de soi, en dépit des apparences. Rien ne présupposait que le saxophoniste et flûtiste Steve Houben, pilier incontournable de la scène jazz belge, dont l’aura en a cependant dépassé les frontières, et son fils Greg Houben, trompettiste de jazz à son tour, impliqué dans le théâtre et la chanson, un poète qui vous relie la Belgique à Rio en quelques vers, étaient faits pour s’entendre sur disque. On n’était même pas loin de penser que si quelque chose était à faire, ce serait déjà fait.

Et pourtant, à l’écoute de 7/7, on se dit au contraire qu’il était temps. Et que c’est une heureuse rencontre, car il semble bien y avoir eu, quelque part au creux de cette musique, une rencontre entre le père et le fils. Il en résulte un album fluide, jamais poussif, ni dans une quelconque posture. Les Houben vous invitent à la maison, en prévenant que ce sera tout simple, sans chichi, et qu’il y aura quelques amis : Cédric Raymond à la contrebasse, James Wiliams à la batterie et Pascal Mohy au piano.

C’est en septembre 2018, lors du Marni Jazz Festival, que le quintet monte sur scène pour jouer pour la première fois ce répertoire de compositions signées par Steve et Greg Houben, mais aussi par Fabian Fiorini. Quelques dates suivront en Belgique, avant de conduire le groupe en studio pour immortaliser cet instant. On a le sentiment parfois d’entendre des chansons, comme la réminiscence d’une époque où le jazz se fredonnait, mais avec un son et une instrumentalisation très contemporaine. Le chant n’est d’ailleurs pas absent de l’album, qui se termine par un duo chanté sur « Homeboy » et démontre que l’harmonie du saxophone et de la trompette chez les Houben est transposable jusque dans leurs voix.

Il fait du bien, cet album. Par sa sincérité, par cette façon de ne pas chercher quoi que ce soit, il trouve tout. La beauté de mélodies jouées par des musiciens qui savent de quoi ils parlent, ce savoir-faire artistique mais aussi artisanal qui, par l’effet d’une transmission de père en fils, devient intemporel. Le plaisir que le quintet prend à jouer est communicatif et irradie chacune des 10 compositions. On a une pensée pour Chet Baker, cet autre membre de la famille en quelque sorte, qui aurait sans aucun doute aimé jouer sur un disque pareil. Parce que Chet Baker, par-dessus tout, aimait la belle musique, tout simplement.