Scènes

Abdullah Ibrahim à New York

Le grand pianiste sud-africain en concert.


Abdullah Ibrahim (p), Belden Bullock (b), George Gray (d) – 24 août 2001 - Lincoln Center – New York City.

« Cape Town revisited », le dernier album en trio d’Abdullah Ibrahim, est un excellent reflet des concerts que le pianiste sud-africain donne depuis près de deux ans. Malgré les faibles différences du répertoire d’un concert à l’autre, l’émotion toujours présente et la convivialité du maître font de chacune de ses apparitions un moment rare, particulièrement à New York. Débutant sur le thème The Mountain, puis rejoint par Belden Bullock à la contrebasse, enfin par George Gray à la batterie, Abdullah Ibrahim développe l’unique set de ce concert en plein air, fort du style et du toucher qui lui sont propres. L’absence de pause entre chaque morceau – procédé dont il est l’un des seuls utilisateurs, et ce depuis plus de 30 ans – contribue, en alternant ballades et morceaux plus uptempo, à renforcer les bases harmoniques des mélodiques traditionnelles africaines. Le jeu à l’archet de Belden Bullock fait apparaître l’expérience acquise au sein de l’autre format de prédilection d’Abdullah Ibrahim ces dernières années, en grande formation avec cordes. La discrétion du batteur n’en est que regrettable : un seul chorus, malgré son impeccable travail et la cohésion qu’il installe avec ses deux partenaires. Indéniablement, il s’agit du point fort de ce trio ; et, avec Ahmad Jamal, Abdullah Ibrahim rend ses lettres de noblesse à un format maltraité par la scène jazz actuelle qui le réduit à un soutien détaché du bassiste et du batteur au pianiste.