Chronique

Alain Cupper

Bunga

Alain Cupper (bs), Peter Vandenberghe (p), Eric Fusillier (b), Herman Pardon (d), Jean-Pierre Gebler (bs), Gino Lattuca (tp), Paolo Loveri (g)

Label / Distribution : Idrissity & Elijahphone

A quarante ans, Alain Cupper publie son premier album en leader. Il y est accompagné de sa section rythmique habituelle et le groupe est augmenté d’un invité sur quelques morceaux.

Il est dommage que la première impression émane des propos de Marc Danval repris en notes de pochette car la rhétorique semble sortir d’un éditorial de Jazz Hot : « Nul métissage grotesque, ni chapardages à des ’musiques du monde’ ne viennent entacher l’épure. » Parler de pureté et d’absence de métissage à propos d’une musique noire-américaine jouée par des Belges (ou des Italiens, comme Gino Lattuca et Paolo Loveri) blancs est de très mauvais goût. Heureusement, la musique elle-même ne semble pas revendiquer de telles idées.

Cupper joue un hard bop qui ignore presque tout de ce qui s’est passé musicalement depuis le milieu des années 60. Les résultats peuvent être plutôt satisfaisants, comme sur les deux premiers morceaux, un Tentative mid-tempo accueillant ou un Bunga enfumé, plus lent et bluesy. Le saxophoniste s’y montre à l’aise, avec un son naturellement éraillé. Mais étalé sur plus de 70 minutes, cette dévotion stylistique commence à peser (15-20 minutes en moins n’auraient pas fait de mal).

Les invités offrent quelques diversions : le 3/4 rapide et le thème héraldique d’Ipon tirent le quintet (le quartet plus Lattuca) vers le son du groupe de Clifford Brown et Max Roach. Avec la deuxième intervention du trompettiste - sur un rythme qui commence avec un soupçon de samba pour se métamorphoser progressivement en swing quasi-boogaloo, on sort un moment de la routine. Peter Vandenberghe (déjà remarqué au sein du Flat Earth Society) est aussi, occasionellement, un élément perturbateur introduisant des harmonies troubles plus contemporaines. Sur sa composition personnelle, le pianiste renverse la hiérachie habituelle : tandis que le leader reste proche du thème lent aux notes longues, Vandenberghe l’accompagne de manière très mobile et audacieuse.

Alternant ballades, standards (un Well, You Needn’t correct, Everything Happens to Me en duo saxophone-piano), compositions originales et compositions inattendues (Communion de Cecil Payne, qui intègre des slaps évoquant le r’n’b), Bunga est un album globalement joyeux qui s’écoute facilement.