Chronique

Armstrong and his All Stars

Live in Australia (1964)

Label / Distribution : Medici Art

Douze titres sont présentés dans ce DVD sans aucun bonus superflu, interview ou commentaires autorisés, et ce en moins d’une heure. Un répertoire classique mais joué par le All Stars de Louis Armstrong qui méritait bien son nom. Juste un inédit, un document d’archives d’un Live in Australia, en 1964 où l’on retrouve notre trompettiste toujours volontaire, même s’il n’était pas au mieux de sa forme, en ce 24 novembre à Melbourne.

Satchmo anime le concert avec son brio habituel, cet humour bonhomme et grave au fond. Il plaisante par exemple en s’épongeant la figure de son éternel mouchoir blanc, tout en déplorant que son maquillage soit parti. “He was born poor, died rich, and never hurt anyone along the way”, disait de lui Duke Ellington. Le show est réglé avec une grande précision, les musiciens sont en costume et nœud papillon, devant un public blanc sagement assis. Une autre époque.

Ce n’est pas une éblouissante prestation du chanteur et trompettiste Armstrong mais il est toujours émouvant de voir le vieil homme jouer avec autant de professionnalisme et un talent intact malgré la routine des tournées. Il mène le jeu, ménageant malgré tout des ouvertures décisives à ses partenaires, dont les solos sont un régal : le batteur Danny Barcelona, le contrebassiste Arvell Shaw sur « How High the Moon », le méconnu Billy Kyle, superbement véloce au piano sur « Perdido ». Le clarinettiste Joe Darensbourg, avec ses cheveux coupés en brosse dont le jeu, tout en « slap tongue » contredit la mine austère, nous livre un arrrangement très réussi de l’inusable « Sweet Georgia Brown ». Trummy Young, l’un des grands trombonistes de l’ère swing (chez Jimmy Lunceford dès 1937) qui annonça le be bop, excellent chanteur, fidèle complice de Pops dans ses tournées en Europe, assure aussi sa partie. Armstrong est égal à lui-même, chantant ses grands classiques comme « Basin Street Blues », « Mack the Knife » ou « High Society » (il participa d’ailleurs, de même que Trummy Young, aux numéros musicaux aux côtés des crooners Frank Sinatra, Bing Crosby et de l’évancescente Grace Kelly). Autre curiosité, un cha cha (très en vogue à l’époque) « Did You Hear about Jerry ? » chauffé par une Jewel Brown très en voix, gouailleuse à souhait. Elle enchaîne en ralentissant le tempo sur le bluesy « I Left my Heart in San Francisco ». Et pour finir, le classique : « When The Saints Go Marchin’ In ».

C’est donc un témoignage précieux, en noir et blanc, d’une époque révolue que nous offre Medici Arts. Filmé sans grande originalité, il restitue néanmoins le plaisir que pouvait procurer l’écoute de grands musiciens de jazz dans les années soixante. Et ce n’est pas négligeable aujourd’hui.