Chronique

Christopher Dell

Monodosis

Christopher Dell (vib).

Label / Distribution : Niehler Werft

Troisième disque en solo du vibraphoniste allemand Christopher Dell, qui lui permet d’explorer une fois encore un langage original sur un instrument en rien évident. Développant un système complexe fortement conceptuel qui emprunte à la musique contemporaine comme à l’improvisation sous contrainte, Dell joue de la résonance que lui permettent les lamelles de métal pour composer des pièces étranges aux atmosphères ténues et qui ne manquent pas de surprise.

Le vibraphoniste déclenche des cascades de notes cristallines qui sont le moyen de jouer des divers degrés d’intensité de la vitesse, et canalise les dynamiques avec une constance qui rend l’écoute toujours stimulante. Baigné dans l’atmosphère ouatée qu’induit la sonorité du vibraphone, il développe des idées musicales acérées et rhizomatiques comme autant de labyrinthes dans lesquels on se perd avec vertige et un plaisir qui n’est pas seulement intellectuel.

Moins cérébrales, en effet, que le trio qu’il conduit avec Jonas Westergaard et Christian Lillinger, ces études en solo sont des virtuosités dont le soin porté à chaque frappe, des plus saillantes aux plus discrètes - et pourtant ô combien coloristes - dessine les contours d’une musicalité équilibrée qui joue, certes, des potentiels offerts par la recherche de complexité, mais qui privilégie avant tout un discours juste, actuel, et finalement d’une évidente pureté. 

par Nicolas Dourlhès // Publié le 11 juin 2023
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